Wilhelm von Humboldt Von Humboldt
- Date de naissance:
- 22.06.1767
- Date de décès:
- 08.04.1835
- Durée de vie:
- 67
- PERSON_DAYS_FROM_BIRTH:
- 94044
- PERSON_YEARS_FROM_BIRTH:
- 257
- PERSON_DAYS_FROM_DEATH:
- 69282
- PERSON_YEARS_FROM_DEATH:
- 189
- Noms supplémentaires:
- Wilhelm Von Humboldt, Fridrihs Vilhelms fon Humbolts, Friedrich Wilhelm Christian Karl Ferdinand Freiherr von Humboldt, Вильгельм фон Гумбольдт
- Nationalité:
- allemand
- Cimetière:
- Réglez cimetière
Friedrich Wilhelm Christian Karl Ferdinand Freiherr von Humboldt, plus connu sous le nom Wilhelm von Humboldt (en français, Guillaume de Humboldt), né à Potsdam le 22 juin 1767 et mort à Tegel le 8 avril 1835, est un philosophe prussien, fonctionnaire d'État (en tant que diplomate et ministre de l'éducation). Il est le fondateur de l'Université de Berlin qui porte son nom depuis 1949 (ainsi que celui de son frère, le naturaliste et géographe Alexander von Humboldt). Sa renommée est forte en tant que linguiste, pour ses importantes contributions à la philosophie du langage mais aussi pour avoir contribué à la théorie et à la pratique de l'Éducation. Il est - en particulier - reconnu comme l'architecte principal du système prussien d'éducation qui a fortement inspiré les systèmes d'éducation de pays comme les États-Unis ou le Japon.
Le philosopheAprès des études scientifiques, ainsi que de grec et de français, il reçoit une introduction à la philosophie et à l'administration. Il étudie durant trois semestres la philologie et les sciences à l'université de Göttingen avec Georg Christoph Lichtenberg et lit Emmanuel Kant, dont la première des trois critiques, la Critique de la raison pure inspire sa pensée grammaticale, la deuxième et la troisième son anthropologie et son esthétique. Humboldt est l'ami de Goethe et surtout de Friedrich von Schiller : Ces deux poètes lui inspirent des réflexions esthétiques souvent novatrices.
Il écrit en 1791-2 « À propos des limites de l'action de l'État », ouvrage qui ne sera publié qu'en 1850 (après sa mort) et constitue l'une des plus beau plaidoyer en faveur des libertés des Lumières. Il influence l'essai « À propos de la Liberté » de John Stuart Mill, grâce auquel les idées d'Humboldt pénètrent le monde britannique.
Humboldt est l'inventeur de concepts qui relèvent de thèmes aujourd'hui réputés appartenir aux domaines des sciences humaines [réf. nécessaire]. C'est ce qui a conduit paradoxalement à négliger sa pensée propre [réf. nécessaire]. Aussi, l'a-t-on volontiers réduit au rôle de simple précurseur de la pensée contemporaine, qu'il s'agisse de celle de Martin Heidegger, de Jürgen Habermas, d'Ernst Cassirer, d'Eric Weil ou encore de Noam Chomsky [réf. nécessaire]. Plus récemment (2006), le Français Alexis Philonenko a rapproché Humboldt de Bergson, tout en affirmant que Humboldt serait resté prisonnier, contrairement à Bergson, de la scolastique et d'Aristote. Il faut également noter la dimension libérale de sa pensée politique et de sa philosophie de l'histoire [réf. nécessaire].
Le Ministre de l'ÉducationEn tant que ministre prussien de l'éducation, il supervise le système des «Technische Hoschschulen» et des «Gymnasien». Ses Plans de réforme de l'école prussienne ne sont publiés que bien après sa mort conjointement à un fragment de son traité sur la «Théorie humaine de l'éducation» écrit aux alentours de 1793. Humboldt y affirme : « la tâche ultime de notre existence est d'accorder la plus grande place au concept d'humanité dans notre propre personne (...) à travers l'impact des actions dans nos vies ». Tâche qui peut « s'établir uniquement par les liens établis entre nous tant qu'individus, et par ceux qui nous lient avec le monde qui nous entourent ». Il insiste sur le fait que « l'éducation individuelle ne peut continuée que dans le contexte plus large du développement du monde ». En d'autres termes : L'individu n'a pas seulement le droit , mais aussi le devoir de participer au développement du monde qui l'entoure.
Son idéal de l'éducation est fortement imprégné de considérations sociales. Il n'a jamais cru que « la race humaine puisse atteindre une quelconque perfection générale, conçue en termes abstraits ». Il note dans son Journal en 1789 que « L'éducation de l'individu suppose son incorporation dans la société et mobilise en large ses liens avec celle-ci ». Dans sa « Théorie de l'éducation humaine » il examine les « demandes qui s'adressent à la Nation et à une Époque de la race humaine ». La vérité et la vertu de l'éducation doivent être propagées de façon à ce que le concept d'humanité se concrétise de manière ample et digne chez chaque individu. Pour autant, cela doit être entrepris par chaque individu qui doit « absorber une grande quantité d'éléments qui lui sont présentés par le monde qui l'entoure , ainsi que par son existence propre, en utilisant toutes ses facultés de réception . Qu'il doit ensuite retraiter avec toute l'énergie dont il peut faire preuve , et se les approprier de façon à établir une interaction entre lui-même et la nature selon la forme la plus large, la plus active et la plus harmonieuse ». En tant que ministre prussien de l'Éducation (1809-1810), il réforme profondément le système scolaire, en se basant sur les idées de Johann Heinrich Pestalozzi — il envoie les professeurs prussiens étudier ses méthodes en Suisse. Humboldt fonde en 1810 à Berlin, l'Alma Mater Berolinensis, université qui porte aujourd'hui son nom — ce qui en fait un visionnaire en matière de recherche et de pédagogie, capable de comprendre pourquoi il est nécessaire de confronter les disciplines pour faire avancer le savoir sans préjugés. L'Université ne reflète pas un système philosophique, mais est fondée sur la libre recherche et collaboration des étudiants et des professeurs.
Le DiplomateÀ partir de 1802, Humboldt est diplomate ( Ministre prussien plénipotentiaire) à Rome , puis Ambassadeur à Vienne (1812) et participant au Congrès de Prague en 1813. Représentant de la Prusse avec Hardenberg au congrès de Vienne, il défend contre la France vaincue une ligne assez dure. Avec Heinrich Friedrich Karl vom Stein, il a une action déterminante au sein du gouvernement jusqu'en 1819, quand il finit par prendre sa retraite en raison de son opposition aux idées réactionnaires qui prédominaient. Il se consacre alors essentiellement à l'étude du langage. Cela lui vaut les moqueries d'un autre écrivain diplomate, Chateaubriand. Il est élu associé étranger de l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1825.
Le Linguiste L'importance de la cultureMalgré cette carrière de serviteur de l'État, contrairement aux autres philosophes de l'histoire de son temps, Humboldt considère toute sa vie que la culture de soi, la Bildung, est plus essentielle que le service de l'État. L'individu n'est pas réductible à son rôle sur la scène de l'histoire. C'est ce libéralisme singulier, rien moins qu'économique, qui conduit Humboldt à s'intéresser à la philosophie politique, à l'esthétique, à la philosophie de l'histoire, mais aussi à la religion, dans une perspective moins chrétienne que platonicienne, voire hindoue (commentaire de la Bhagavad Gita). La puissance créatrice qui constitue le fond de l'univers culturel et anthropologique se manifeste aussi bien dans les réalités individuelles que collectives. Si Humboldt rejette toute philosophie systématique, s'il s'intéresse à des domaines variées, de la sexualité à l'histoire en passant par la religion, sa pensée n'en est pas moins profondément cohérente : en tout cas, cohérente en profondeur. De 1797 à 1799, Humboldt vit à Paris, où il mesure le fossé entre la philosophie kantienne et la philosophie française des Idéologues. Les Idéologues pensaient bien la différence des langues, mais dans un contexte mental bien trop empiriste ou sensualiste. À la fin de son séjour parisien, il voyage en Espagne et surtout au Pays basque. Il découvre ainsi la langue et la culture basques. C'est pour lui l'occasion de mettre en place, avec cent cinquante ans d'avance, les principes de la description linguistique moderne : l'étude des langues en synchronie, l'étude descriptive et non prescriptive, l'importance du corpus et des informateurs ainsi que l'importance de catégories grammaticales décrivant précisément les phénomènes propres à la langue étudiée, ce qui le conduit à rejeter la pertinence des catégories de la grammaire latine pour une langue comme le basque. Plus tard (1827-1829), il tente de repenser dans toute sa généralité la grammaire universelle.
La Multiplicité des langues et les universaux du langageDe ses travaux, il est principalement [réf. nécessaire] retenu sa philosophie de la langue, qui est notamment mise en avant par Ernst Cassirer dans sa philosophie des formes symboliques, mais aussi, plus généralement et plus vaguement, ce que l'on a appelé l'hypothèse humboldtienne, qui se rejoint avec l'hypothèse Sapir-Whorf, laquelle veut que les catégories de la langue parlée prédéterminent nos catégories de pensée. Chaque langue renfermerait une vision du monde irréductible.
C'est là négliger l'intérêt d'Humboldt pour la dimension universelle du langage [réf. nécessaire]. Ce n'est que dans la langue que la pensée peut prendre conscience d'elle-même, passer du mouvement informe aux catégories définies. La phrase constitue une synthèse de la sensibilité et de la catégorie de pensée. Le mot confère à la pensée l'objectivité, sans pourtant se séparer des forces de la subjectivité, puisque le mot n'existe que dans la mesure où il est compris. Autrui en répétant mes paroles leur confère une objectivité accrue. Le circuit qui conduit de la phonation à l'audition doit être rapproché de cette dialectique constituée par l'objectivation de la pensée dans l'expression et par la reprise de l'énoncé dans la subjectivité (Introduction à l'œuvre sur le kavi).
On [Qui ?] met également souvent l'accent sur sa typologie des langues. Pour autant, Humboldt n'a jamais perdu de vue la recherche des universaux de langage. Il se sert de la catégorisation en langues à flexion (sanscrit, grec, latin, russe, allemand), langues agglutinantes (basque, turc, finnois, hongrois), langues incorporantes (nahuatl) et langues isolantes (chinois). À propos du chinois, après avoir défendu la thèse qu'il s'agissait d'une langue sans formalité propre, il fut amené par le sinologue français Abel-Rémusat à réviser sa position. [réf. nécessaire]
Le concept de forme de la langue n'en correspond pas moins à un effort pour penser la langue comme une réalité autonome, par-delà la multiplicité des formes lexicales et grammaticales. La langue n'est donc pas que le reflet de la psychologie nationale, encore moins un arsenal de formes dont se serviraient les locuteurs. Il faut lui reconnaître un style et une créativité propres, d'où les notions, souvent mal comprises, de caractère, ou encore de forme interne de la langue. (Référence: H. Dilberman, « W. von Humboldt et l'invention de la forme de la langue », in Revue philosophique de la France et de l'étranger, n°2, 2006.)
La réception de Humboldt s'avère encore difficile. Trabant et Thouard ont contribué à éclarcir une confusion entre Weltanschauung et Weltansicht en français. C'est ce dernier concept qui est fondamental pour Humboldt. Le premier est associé à une idéologie, et le deuxième désigne la vision du monde ancrée dans la langue. On observe la même confusion en anglais. C'est pour cette raison que Underhill propose de faire une distinction entre cinq formes de worldview: world-perceiving, world-conceiving, cultural mindset, personal world & perspective. En anglais l'absence d'une distinction nette, et une absence de recherche sur le discours dans les études multilingues, limitent quelque peu l'envergure du projet ethnolinguistique de Humboldt. C'est peut-être pour cette raison que Humboldt ne figure pas parmi les influences sur la linguistic anthropology'. Anna Wierzbicka et Underhill (2011 & 2012) œuvrent en anglais pour promouvoir un projet plus proche de celui de Humboldt dans la linguistique dans les pays anglophones.
En 1834, il baptise la famille des langues austronésiennes, étendue à l'île de Pâques, « malayo-polynésienne » dans Über die Kawi-Sprache auf der Insel Java (1836-39, publication posthume). Le kawi est une langue littéraire ancienne parlée à Java. Cette œuvre est désormais considérée comme exemplaire en matière linguistique [réf. nécessaire].
C'est son frère, Alexander von Humboldt, qui publia notamment son œuvre posthume, Sur la diversité de construction des langues et leur influence sur le développement de la pensée humaine, connue encore sous le titre de Introduction à l'œuvre sur le kavi. Pierre Caussat l'a traduite en français.
La redécouverte contemporaine de Humboldt
Dès le XIXe siècle, le philosophe français Antoine Augustin Cournot avait apprécié l'œuvre des frères Humboldt, qu'il cite. On peut en particulier rapprocher sa théorie du hasard comme rencontre de plusieurs séries causales indépendantes, d'un fragment du jeune Humboldt rédigé en 1791, Sur les lois du développement des forces humaines, où Humboldt comparait les futures sciences humaines au modèle physique de la causalité. Il est vrai que Cournot ne pouvait avoir connaissance de ce brouillon, inédit à l'époque. De même, l'idée que l'ordre historique existe, mais n'est pas déterministe, qu'il tient le milieu entre les séries aléatoires et les lois physiques, qu'il exprime des effets de structure, fonction d'un vitalisme qui dépasse la raison individuelle, peut être rapprochée de la philosophie du jeune Humboldt, de ses nombreux travaux sur l'histoire et l'historiographie.
Dans le monde germanique, ce sont surtout Cassirer et Heidegger qui, avant Jürgen Habermas, ont insisté sur le caractère fondamental de la réflexion humboldtienne, moins celle du jeune Humboldt que du linguiste. Le psychologue et linguiste Karl Bühler cite lui aussi abondamment Humboldt. Mais chacun de ces auteurs met en lumière des aspects bien différents des conceptions humboldtiennes. Bühler analyse la grammaire profonde des langues en invoquant la notion d'une forme interne qui guide différentiellement l'appréhension des états de choses; par exemple, les langues indo-européennes expriment la réalité en partant de l'événement (verbe), puis déterminent cet événement en indiquant qui agit et sur qui ou quoi. Cassirer en a retenu le kantisme, l'idée que la culture exprime des fonctions et des structures qui ne sont pas le produit de l'intellect abstrait, mais de l'imagination symbolique. Heidegger rapproche de sa conception de l'Être et du Temps la conception humboldtienne d'une activité qui surplombe le temps et s'y exprime de manière intempestive. Enfin Habermas apprécie dans la linguistique de Humboldt moins son pré-structuralisme que son herméneutique dialogique, inséparable de l'éthique de la Bildung.
En Union soviétique, Gustav G. Chpet (1927) a voulu purifier la philosophie humboldtienne du langage de sa dimension métaphysique. La pensée se fait à même l'expression, la subjectivité est en soi symbolique et sociale, c'est une poétique. Il y a une parenté profonde entre la poétique et la genèse du langage. Ainsi, le poème qui chante la locomotive siffle et halète comme une locomotive. En fin de compte, la forme interne qui travaille la langue est intermédiaire entre la forme logique et la forme de l'objet lui-même. C'est une force lourde de sens possibles, une force inexponible, mais qui donne naissance à la forme, toujours expressive et poétique. Cela se voit mieux dans la genèse du mot que dans celle de la syntaxe.
De son côté, le linguiste américain Noam Chomsky a privilégié le rationalisme de Humboldt, et a retenu que toute langue exprime dans des structures grammaticales en apparence différentes le même entendement universel, ce qui ferait de Humboldt un linguiste... cartésien. Il a en revanche, comme Cassirer, rejeté la dimension romantique de sa pensée.
John Stuart Mill s'en était également inspiré, au XIXe siècle, comme moteur de son ouvrage On Liberty, où il montre l'importance du principe de Von Humboldt, « l'absolue et essentielle importance du développement humain dans sa plus riche diversité », et les conditions de sa réalisation. Mill, prenant du recul face à l'utilitarisme, se prononce alors en faveur de la pensée politique d'Humboldt, pour une éducation politique de tous afin de préserver la liberté de l'individu face à l'État.
Humboldt fait aujourd'hui l'objet d'une redécouverte et d'une réévaluation de ses travaux de linguistique prolifiques et novateurs.
En France, Humboldt reste pourtant méconnu, malgré deux thèses monumentales, celles du germaniste Robert Leroux (Guillaume de Humboldt, la Formation de sa pensée jusqu'en 1794, 1932) et du philosophe Jean Quillien (L'Anthropologie philosophique de G. de Humboldt, 1991). Plus récemment, Henri Dilberman lui a consacré également une thèse de philosophie, L'Interprétation métaphysique et anthropologique du langage dans l'œuvre de W. von Humboldt.
Citons aussi les importants travaux du linguiste et poète Henri Meschonnic, qui se veut au plus près de la pensée authentique de Humboldt, de son mouvement propre, étranger à la philosophie universitaire.
Enfin, en 2006, le célèbre commentateur de Kant, Alexis Philonenko, lui a consacré un essai, Humboldt à l'aube de la linguistique. Il y montre toute l'importance de Humboldt comme précurseur en linguistique et dans quelques autres sciences humaines. Philonenko, un peu comme Jean Quillien avant lui, se présente dans cet ouvrage comme le premier philosophe contemporain français qui a su redécouvrir Humboldt et le situer à sa place exacte dans l'histoire des idées. Comme Dilberman avant lui, il est sensible aux analogies entre la pensée de Humboldt et celle de Henri Bergson. Mais c'est pour souligner la supériorité philosophique du philosophe français. On peut en tout cas penser que la célébrité de Philonenko permettra enfin au public français de considérer Humboldt comme un auteur digne d'intérêt (même si on peut regretter que Philonenko ait un peu trop tendance à souligner, comme avant lui Hegel ou Heidegger, les limites philosophiques de Humboldt, au lieu de montrer quels furent ses apports conceptuels et ses principales intuitions).
Tout se passe en fait comme si, périodiquement, les philosophes, comme les linguistes, croyaient redécouvrir Humboldt, et lire dans son œuvre les prémices obscures de leur propres conceptions ou de leurs propres options philosophiques ou linguistiques. C'est que la pensée d'Humboldt, rarement saisie dans son originalité, constitue une réserve de sens pour la philosophie de l'avenir. « Humboldt, plus d'avenir que de passé », a pu dire Henri Meschonnic.
On a rapproché ainsi le concept humboldtien de « forme de la langue » du structuralisme[réf. nécessaire], sa vision dynamique du langage de la linguistique de la parole, le rôle qu'il attribue au dialogue entre les individus et les cultures de l'herméneutique contemporaine (Habermas). Ces évaluations sont souvent contradictoires, ce qui traduit moins l'obscurité de la pensée de Humboldt que sa richesse. Comme l'a montré le philosophe Jean Quillien, il est nécessaire aujourd'hui de replacer les découvertes de von Humboldt à l'intérieur de sa propre anthropologie philosophique, de son refus d'opposer l'individu et le collectif, mais aussi de dissoudre l'individu, ou la parole, dans la totalité d'une Nation ou d'une langue.
Du côté des linguistes, les Presses universitaires de Nancy ont publié un numéro de la revue Verbum entièrement consacré à Humboldt. Les auteurs y proposent une vision très exacte, au plus près des sources, de l'apport de Humboldt. Anne-Marie Chabrolle-Cerretini, éditrice de ce numéro, a publié en 2008 La Vision du monde de Wilhelm von Humboldt. Histoire d'un concept linguistique. Les commentateurs de Humboldt ne s'étaient guère rendu compte avant elle que c'est Humboldt qui a inventé l'expression de vision du monde, « Weltansicht », promise à un si bel avenir.
Œuvres
- Sokrates und Platon über die Gottheit (1787-1790)
- Über die Gesetze der Entwicklung der menschlichen Kräfte (fragment, 1791)
- Ideen zu einem Versuch, die Grenzen der Wirksamkeit des Staates zu bestimmen (Essai sur les limites de l'action de l'État) (1791) Ce texte, peut-être le plus célèbre de Humboldt, est devenu un classique du libéralisme politique.
- Über den Geschlechtsunterschied (1794)
- Über männliche und weibliche Form (1795)
- Plan einer vergleichenden Anthropologie (1797)
- Das achtzehnte Jahrhundert (1797)
- Ästhetische Versuche I. - Über Goethe's Hermann und Dorothea (1799)
- Latium und Hellas (1806)
- Geschichte des Verfalls und Untergangs der griechischen Freistaaten (1807-1808)
- Pindars "Olympische Oden" (traduit du grec ancien) (1816)
- Aischylos' "Agamemnon" (traduit du grec) (1816)
- Über das vergleichende Sprachstudium in Beziehung auf die verschiedenen Epochen der Sprachentwicklung (1820)
- Über die Aufgabe des Geschichtsschreibers (1821)
- Über die Entstehung der grammatischen Formen und ihren Einfluss auf die Ideenentwicklung (1822)
- Über die Buchstabenschrift und ihren Zusammenhang mit dem Sprachbau (1824)
- Bhagavad-Gita (1826), première traduction en allemand
- Über den Dualis (1827)
- Über die Sprache der Südseeinseln (1828)
- Über Schiller und den Gang seiner Geistesentwicklung (1830)
- Rezension von Goethes Zweitem römischem Aufenthalt (1830)
- Über die Verschiedenheit des menschlichen Sprachbaus und seinen Einfluss auf die geistige Entwicklung des Menschengeschlechts (1836) (Traduit en français par Pierre Caussat sous le titre Introduction à l'œuvre sur le [[[kavi]]).
Traductions de Humboldt en français et textes rédigés par lui en français
- Beyer (Elisabeth), Wilhelm von Humboldt. Journal parisien (1797-1799), Solin / Actes Sud, 2001
- Caussat (Pierre), Introduction à l'œuvre sur le kavi et autres essais, Seuil, 1974.
- Caussat (Pierre), La langue source de la nation, Mardaga, 1996.
- Caussat (Pierre), Patrimoine Littéraire européen. Anthologie en langue française sous la direction de Jean-Claude Polet, volume 11a, Renaissances nationales et conscience universelle, De Boeck Université, 1999.
- Laks (André), Disselkamp (Annette), G. de Humboldt, La tâche de l'historien, Presses Universitaires de Lille, 1985.
- Losfeld (Christophe), Essais esthétiques sur Hermann et Dorothée de Goethe suivis d'un article en français adressé à Madame de Staël, Presses Universitaires du Septentrion, 1999.
- Losfeld (Christophe), Quillien (Jean) (introduction), Le dix-huitième siècle. Plan d'une anthropologie comparée, Presses Universitaires de Lille, 1995.
- Mannoni (Olivier) (trad.), Wattenberg (Yves) (éditeur), De l'esprit de l'humanité et autres essais sur le déploiement de soi, Éditions Premières Pierres, 2004.
- Nerlich (Brigitte), Anthologie de la linguistique allemande au XIXe siècle, Nodus Publikationer, Münster, 1988.
- Rousseau (Jean), Thouard (Denis)(éditeurs), Lettres édifiantes et curieuses sur la langue chinoise. Humboldt-Abel Remusat, Éditions du Septentrion, 1999. Textes rédigés en français.
- Thouard (Denis), Sur le caractère national des langues, Seuil, Essais, 2000 (édition bilingue).
- Tonnellé (Alfred) (éditeur), De l'origine des formes grammaticales et de leur influence sur le développement des idées suivi de Lettre à M. Abel Rémusat (1859), Éditions Ducros, 1969 (texte rédigé en français par Humboldt).
Études critiques
- Cahiers de Ferdinand de Saussure, n° 53 / 2000, Librairie Droz, Genève.
- Amacker (René), « Les neiges d'antan : Humboldt héritier des Anciens » in Cahiers de Ferdinand de Saussure, n° 53 / 2000, Librairie Droz, Genève.
- Auroux (Sylvain)(dir.), Histoire des idées linguistiques, tome 3, Mardaga, 2000.
- Berman (Antoine), L'épreuve de l'étranger. Culture et traduction dans l'Allemagne romantique: Herder, Goethe, Schlegel, Novalis, Humboldt, Schleiermacher, Hölderlin., Gallimard, Essais, 1984. ISBN 978-2070700769
- Caussat (Pierre), Adamski (Dariusz), Marc Crépon, La Langue source de la nation, Mardaga, 1996.
- Caussat (Pierre), « Humboldt en conjonction avec Schleiermacher dans la lumière de Nicolas de Cuse » in Cahiers Ferdinand de Saussure, n°53/2000, Droz, Genève.
- Chabrolle-Cerretini (Anne-Marie), « W. von Humboldt » in Patrimoine littéraire européen, volume 11a, Renaissances nationales et conscience universelle, De Boeck Université, 1999
- Chabrolle-Cerretini (Anne-Marie), « L'Étude du basque de Wilhelm von Humboldt » in Le voyage dans le monde ibérique et ibéro-américain Actes du XXIXe Congrès de la Société des hispanistes français, Saint-Étienne, mars 1999, Université de Saint-Étienne, 1999.
- Chabrolle-Cerretini (Anne-Marie), « Langue, littérature et vision du monde : l'approche anthropologique de la littérature de W. von Humboldt » in Actes du colloque Patrimoine littéraire européen 1998, Namur, De Boeck Université, 2000.
- Chabrolle-Cerretini (Anne-Marie), « W. von Humboldt : la genèse du projet d'une encyclopédie systématique des langues et l'étude de la langue basque » in Cahiers Ferdinand de Saussure n°53/2000, Droz, Genève.
- Chabrolle-Cerretini (Anne-Marie), La Vision du monde de Wilhelm von Humboldt. Histoire d'un concept linguistique,ENS Editions, 2008
- Chabrolle-Cerretini (Anne-Marie) (coordinatrice), Caussat (Pierre), Trabant (Jürgen), et alii, « Wilhelm von Humboldt, les langues et sa théorie du langage » Verbum, tome XXVII, n°1-2, Presses Universitaires de Nancy, 2005.
- Chpet (Gustav G.) Vnutrennjaja forma slova. Etjudy i variacii na temy Gumbol'ta [La forme interne du mot. Etudes et variations sur les thèmes de Humboldt] Moscou, GAKhN, 1927. Traduction française chez Kimé, Paris, 2007.
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- Dilberman (Henri), L'interprétation métaphysique et anthropologique du langage dans l'œuvre de Wilhelm von Humboldt, Septentrion, 1997.
- Dilberman (Henri), « W. von Humboldt : Humanité, individualité et religion » in L'Enseignement philosophique, vol. 52, no 1, 2001.
- Dilberman (Henri), « Langage et intersubjectivité chez W. von Humboldt », in L’Enseignement philosophique, vol. 54, n° 5, 2004.
- Dilberman (Henri), « W. von Humboldt et l'invention de la forme de la langue », in Revue philosophique de la France et de l'Etranger, n°2, avril 2006 (PUF).
- Dumont (Louis), L'idéologie allemande. France-Allemagne et retour. Homo aequalis, II NRF, Gallimard, 1991.
- Friedrich (Janette), « Le recours de Humboldt au concept de "physionomie" » in Cahiers de Ferdinand de Saussure, n° 53/ 2000, Librairie Droz, Genève.
- Fryba-Reber (Anne-Marguerite), « Lire Humboldt aujourd'hui : une chronique d'une lecture plurielle » in Cahiers de Ferdinand de Saussure, n° 53/ 2000, Librairie Droz, Genève.
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- Kodiakas/code ; Ars semeiotica : Sprachdenken zwischen Berlin und Paris. Wilhelm von Humboldt / La pensée linguistique entre Berlin et Paris. Wilhelm von Humboldt (2004) numéro dirigé par Sarh Bösch & Markus Meßling, vol. 27, n° 1/2.
- Kokochkina (Elena), « De Humboldt à Potebnja : évolution de la notion d' " innere Sprachform " dans la linguistique russe » in Cahiers de Ferdinand de Saussure, n° 53/ 2000, Librairie Droz, Genève.
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Château de Tegel
En possession de la famille Humboldt depuis la fin du XVIIIe siècle, le château de Tegel (Humboldt Schlösschen), où il est mort, est toujours habité par ses descendants.
Sources: wikipedia.org
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