Simon Leys

Date de naissance:
28.09.1935
Date de décès:
11.08.2014
Durée de vie:
78
PERSON_DAYS_FROM_BIRTH:
32380
PERSON_YEARS_FROM_BIRTH:
88
PERSON_DAYS_FROM_DEATH:
3573
PERSON_YEARS_FROM_DEATH:
9
Noms supplémentaires:
Simon Leys, Pierre Ryckmans
Catégories:
Écrivain
Nationalité:
 belge
Cimetière:
Réglez cimetière

Simon Leys, nom de plume de Pierre Ryckmans, est un écrivain, essayiste, critique littéraire, traducteur et sinologue belge, de langue française et anglaise, né le 28 septembre 1935 à Bruxelles et mort en août 2014 à Canberra. Son œuvre porte notamment sur la Chine, la littérature et la mer.

Petit-fils d'un bourgmestre d'Anvers, il étudie le droit et l'histoire de l'art à l'Université catholique de Louvain. En 1955, à l'âge de dix-neuf ans, il participe au voyage d'une délégation de jeunes Belges invités durant un mois en Chine, au cours duquel il affirme avoir pris part à un entretien avec Zhou Enlai.

À partir de 1959, il poursuit des études de langue, littérature et art chinois à Taïwan, Singapour et Hong Kong. Il acquiert pendant cette période une bonne connaissance du monde chinois en plus d'une expérience quotidienne des réalités de la Chine de cette époque.

En 1964, Simon Leys épouse une Chinoise, Hanfang, qui devient belge par son mariage. Le couple a quatre enfants, dont des jumeaux, Marc et Louis, nés en 1967 à Hong Kong et apatrides depuis 2006 à la suite d'une erreur administrative. La famille s'installe en Australie en 1970, mais garde la nationalité belge. Pierre Ryckmans enseigne la littérature chinoise à Canberra, puis les études chinoises à l'université de Sydney de 1987 à 1993.

Simon Leys est également membre, depuis 1990, de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique ; il y occupe le fauteuil de Georges Simenon.

Amélie Nothomb évoque l'œuvre de son compatriote Simon Leys dans Biographie de la faim. Il apparaît en personne dans le récit : « Il avait une barbe, ce que je croyais l'attribut du grand âge, Papa s'occupait de ses problèmes de visa. »

Œuvre

Pierre Ryckmans, sous le nom de Simon Leys, fait suivre, pendant plus d'une décennie, son premier témoignage Les Habits neufs du président Mao (1971) d'autres essais, également critiques de la Révolution culturelle chinoise, du régime maoïste et des attitudes à leur égard de divers Occidentaux, mais aussi fort érudits, voire laudateurs et passionnés, à propos de certains traits de la culture et de l'art chinois traditionnels. Ce sont, entre autres, Ombres chinoises (1974), Images brisées (1976), La Forêt en feu (1983).

Autour du maoïsme

En 1971, sur les conseils de son éditeur, Pierre Ryckmans décide de prendre un pseudonyme avant de publier Les Habits neufs du président Mao, pour ne pas risquer de devenir persona non grata en République populaire de Chine. Il choisit comme nom « Leys », en référence au personnage du roman de Victor Segalen, René Leys, publié en 1922, et comme prénom « Simon », en référence au nom originel de l'apôtre Pierre. Il s'avère de ce fait l'un des premiers critiques de la Révolution culturelle en Chine populaire. Son livre, très factuel, précède en effet de près de trois ans par exemple — dans le monde de l'édition francophone — un autre rare témoignage de la même veine, basé aussi sur des traductions de nombreux textes publiés à l'époque en Chine, Révo. cul. dans la Chine pop. (1974). Son livre survenait quatre ans après la brochure Le Point d’explosion de l’idéologie en Chine, publiée en août 1967 par l’Internationale situationniste et rédigée par Guy Debord, et treize ans après l'article La Lutte des classes en Chine bureaucratique - Malaventure de Mme de Beauvoir et compagnie, publié par Pierre Souyri dans Socialisme ou Barbarie. Son livre, à sa sortie, n'est remarqué que par un public restreint, dont un autre sinologue, René Étiemble, qui apporte depuis ses débuts un soutien discret à Leys. Étiemble fait l'éloge, dès sa parution, de l'ouvrage :

« c'est un passionné de la culture chinoise qui analyse, jour par jour, les péripéties de la soi-disant, de la prétendue « révolution culturelle ».[...] Depuis L'Aveu de London, je n'ai rien lu de plus bouleversant dans l'ordre du politique. »

Dans les années 1970, la publication de ses pamphlets sur la Chine provoque l'hostilité des milieux maoïstes français de l'époque, représentés notamment par la revue Tel Quel. À propos de cette période, Simon Leys dit « Le Monde m'accusa de répandre des mensonges fabriqués par la CIA ». Une sinologue nommée Michelle Loi publie, en 1975, un court livre intitulé Pour Luxun. Réponse à Pierre Ryckmans (Simon Leys) (Lausanne, Alfred Eibel éditeur), dont le titre dévoile le nom réel de Simon Leys, au risque de lui interdire de pouvoir retourner en Chine. Leys lui a répondu dans une annexe de son livre Images brisées, annexe intitulée L'oie et sa farce. C'est un court pamphlet où il reproche à Michelle Loi d'avoir révélé son identité véritable. Dans un passage, il parle des dénonciateurs qui voudraient qu'il n'entre plus en Chine (il s'agit de la période 1975-1976) :

« La seule idée qu'un individu comme Simon Leys puisse constamment souhaiter revoir la Chine, qu'il ait noué dans ce monde-là les liens les plus chers, ne leur paraît pas seulement incompréhensible, elle leur est proprement sacrilège. »

Cependant, l'essentiel de la réponse de Leys consiste à contester l'autorité et la compétence de Michelle Loi. Il s'emploie en effet à démontrer, en citant ce qu'il identifie comme des erreurs de sa part, que sa reconversion dans les études chinoises n'est pas couronnée de succès. »

À l'appui de ces accusations, il cite de Michelle Loi L'Intelligence au pouvoir (Paris, Maspéro, 1973) :

« Dans cet ouvrage au titre prédestiné, les perles se ramassent par boisseaux : ainsi Qin Shihuang y est défini comme l'Empereur Jaune : que diriez-vous d'une spécialiste d'histoire italienne qui prendrait Mussolini pour Romulus ? L'écart chronologique est le même. »

La dénonciation de Michelle Loi comme la vigueur de la réponse de Leys témoignent de la violence des affrontements idéologiques au sein du monde intellectuel européen à l'époque du maoïsme.

Il faut attendre 1983 pour que Simon Leys trouve une audience plus large, à l'occasion de son passage à l'émission de la télévision française Apostrophes consacrée à la Chine, à laquelle Bernard Pivot avait également invité Maria-Antonietta Macciocchi, auteur du livre De la Chine. Après avoir laissé cette dernière parler avec lyrisme de l'homme nouveau qui apparaissait en Chine, Simon Leys (qui avait vécu en Chine précisément pendant la période en question) répondit en fournissant plusieurs données factuelles suggérant qu'elle n'avait pas vérifié ses sources avant d'écrire son livre, qu'il estime être « d'une stupidité totale », sinon une « escroquerie ». D'après une interview de Bernard Pivot, ce fut le seul cas où, à la suite d'un passage à Apostrophes, les prévisions de vente d'un livre furent révisées à la baisse.

La civilisation chinoise La mer

L'écrivain, qui consacre une grande part de son travail à traduire, préfacer, écrire des livres sur la mer et les gens de mer, fait partie des Écrivains de Marine, association fondée en 2003 par Jean-François Deniau et regroupant une vingtaine d’auteurs.

« La mer a inspiré les écrivains les plus divers — mais qu'en ont-ils dit ? L'idée d'explorer la littérature française d'un point de vue marin paraîtra sans doute excentrique et arbitraire ; en fait, cette perspective rafraîchissante nous permet de promener un regard neuf sur des monuments familiers, et elle peut aussi nous apporter de surprenantes révélations. En mettant le point final à une entreprise de quelque dix années, je n'ai plus qu'un souhait : puissent les lecteurs tirer de la fréquentation de mon singulier monstre marin ne fût-ce que la moitié du bonheur que j'ai trouvé à le confectionner ! », écrit Simon Leys à propos son ouvrage La Mer dans la littérature française : de François Rabelais à Pierre Loti.

Simon Leys préface l'édition de 2011 (Éditions de la Table ronde) des naufragés des Auckland de François Édouard Raynal, rappelant « que l'un des plus précieux cadeaux que l'on puisse se faire entre amis est de se signaler un bon livre ». Il éclaire ensuite le récit véridique et édifiant de F.-E. Raynal, un siècle et demi après Daniel Defoe, du naufrage de cinq marins (français, américain, norvégien, anglais, portugais) au milieu des tempêtes qui assaillent les Îles sub-antarctiques de Nouvelle-Zélande. Il commente la bonne entente, la foi, l'ingéniosité et l'organisation de cet équipage. Jules Verne s'est inspiré de ce récit, publié pour la première fois en 1866 dans Le Tour du monde en quatre-vingts jours), puis pour L'Île mystérieuse (1874).

Dans Les Naufragés du Batavia, l'écrivain de marine raconte le naufrage d'un navire marchand hollandais (indiaman) de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, en 1629, dans l'archipel corallien des Houtman Abrolhos, au large des côtes Ouest de l'Australie. À son bord, plus de 300 passagers, hommes, femmes, enfants et une riche cargaison. L'auteur s'interroge sur la folie meurtrière d'un des membres de l'équipage, Jeronimus Cornelisz, qui massacre et humilie les deux tiers des survivants. Il analyse la psychologie du criminel.

Récompenses

  • prix quinquennal de l'essai en 1981 pour Ombres Chinoises
  • Prix Renaudot (Essai) en 2001 pour Protée et autres essais
  • Prix Guizot en 2003 pour Les Naufragés du Batavia
  • Prix mondial Cino Del Duca en 2005 pour l'ensemble de son œuvre
  • Prix quinquennal de littérature en 2005 pour l'ensemble de son œuvre
  • Docteur honoris causa de l'Université catholique de Louvain en 2005, et titulaire de la Chaire de poétique de cette même université la même année

En 2002, une comédie intitulée The Emperor's New Clothes est tirée de son seul roman publié à ce jour : La Mort de Napoléon. Ian Holm y tient le rôle-titre.

Liste des œuvres

Auteur
  • La Vie et l'Œuvre de Su Renshan, rebelle, peintre et fou (UER Asie Orientale Université Paris 7, 1970)
  • Les Habits neufs du président Mao (Champ libre 1971, LGF 1989)
  • Ombres chinoises (UGE 10/18 1976, Laffont 1976) prix quinquennal de l'essai
  • Images brisées (Laffont 1976)
  • Human rights in China (1979)
  • Préface à L'Enquête sur la mort de Lin Biao de Yao Mingle (1983)
  • La Forêt en feu : Essais sur la culture et la politique chinoises (Hermann 1983)
  • Orwell, ou l'horreur de la politique (Hermann 1984)
  • La Mort de Napoléon (Hermann 1986, Plon 2005)
  • L'humeur, l'honneur, l'horreur : Essais sur la culture et la politique chinoises (Laffont 1991)
  • Essais sur la Chine (Bouquins, Robert Laffont, 1998) réunit : Les Habits neufs du Président Mao, Ombres chinoises, Introduction à Lu Xun, La Mauvaise Herbe, Images brisées, La forêt en feu, L'humeur, l'honneur, l'horreur, avec une préface de Jean-François Revel.
  • L'Ange et le Cachalot (Seuil 1998, Points-Essais 2002) : compilation d'une série d'articles ou de préfaces sur la littérature, la Chine et le problème de la traduction, écrits entre 1990 et 1997. Le titre se réfère à une citation de Gilbert Keith Chesterton : « Un homme qui tâche d'accorder des anges avec des cachalots doit avoir une vision assez sérieuse de l'univers. »
  • Protée et autres essais (Gallimard 2001)
  • Les Naufragés du Batavia, suivi de Prosper (Arléa 2003, Points-Seuil 2005) prix Guizot-Calvados
  • La Mer dans la littérature française de François Rabelais à Pierre Loti (tome 1 : De François Rabelais à Alexandre Dumas ; tome 2 : De Victor Hugo à Pierre Loti (Plon, 2003)
  • Les Idées des autres, idiosyncratiquement compilées pour l'amusement des lecteurs oisifs (Plon, 2005)
  • Le bonheur des petits poissons. Lettres des Antipodes (JC Lattès, 2008)
  • Le Studio de l'inutilité (Flammarion, 2012)
Traducteur
  • Shen Fu, Six récits au fil inconstant des jours (sous le nom de Pierre Ryckmans), Larcier, 1966 ; Christian Bourgois 1982,JC Lattès, 2009
  • Shitao, Les Propos sur la peinture du moine Citrouille-amère (traduction et commentaire sous le nom de Pierre Ryckmans), IBHEC Bruxelles 1970, Hermann, 1984
  • Kouo Mo-jo, Autobiographie - les années d'enfance (sous le nom de Pierre Ryckmans), Gallimard, 1970
  • Lu Xun, La Mauvaise Herbe (sous le nom de Pierre Ryckmans), UGE 10/18, 1975
  • Jao Tsong-Yi, Peintures monochromes de Dun-Huang (sous le nom de Pierre Ryckmans), École française d'Extrême-Orient, 1978
  • Chen Jo-Hsi, Le Préfet Yin, Denoël, 1980
  • Confucius, Entretiens (sous le nom de Pierre Ryckmans), Gallimard, 1987
  • Richard Henry Dana, Deux années sur le gaillard d'avant, Laffont 1990, Petite bibliothèque Payot, 1995
  • Analects of Confucius, Norton, 1997

 

Sources: wikipedia.org

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