Patrick Dewaere

Cette personne at-elle pas d'images. Cliquez pour ajouter de nouveaux!
Date de naissance:
26.01.1947
Date de décès:
16.07.1982
Durée de vie:
35
PERSON_DAYS_FROM_BIRTH:
28216
PERSON_YEARS_FROM_BIRTH:
77
PERSON_DAYS_FROM_DEATH:
15261
PERSON_YEARS_FROM_DEATH:
41
Nom de jeune fille de la personne de:
Patrick Jean-Marie Henri Bourdeaux
Noms supplémentaires:
Patrick Dewaere, Patriks Devaers, Патрик Дэваер, Деваэр, Патрик Деваэр, Синеблузник, Патрик Жан-Мари Анри Бурдо, Патрик Морен, Деваер, Patrick Jean-Marie Henr, Patrick Jean-Ma
Catégories:
Acteur, Chanteur, Compositeur
Nationalité:
 français
Cimetière:
Réglez cimetière

    Patrick Dewaere, de son vrai nom Patrick Jean-Marie Henri Bourdeaux, est un acteur français né le 26 janvier 1947 à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) et mort le 16 juillet 1982 à Paris 14e.

    Considéré par beaucoup comme un des acteurs les plus brillants de sa génération, Patrick Dewaere a incarné la « fureur de vivre » à la française et demeure un modèle pour les générations de jeunes comédiens qui lui ont succédé. Son jeu se caractérise par un naturel, une exactitude et une vérité dans les expressions, dans les gestes et dans les attitudes qui sont désormais jugées comme proches de celle de l’Actors Studio, inventives et généreuses alors qu’en son temps, dans les années 1970, les critiques préféraient les « rondeurs » et le jeu de son alter-ego professionnel, concurrent et ami Gérard Depardieu.

    Il se suicide à l'âge de trente-cinq ans, après avoir joué dans trente-sept longs-métrages durant une longue carrière de trente et une années. Il a également composé et interprété plusieurs chansons pour lui-même ou encore pour Françoise Hardy ainsi que la musique du film F… comme Fairbanks.

    Biographie

    Enfance et débuts

    Fils de la comédienne Mado Maurin, le jeune Patrick fait très tôt partie d’une famille d'artistes, baptisée par le métier les « petits Maurin » comprenant ses frères Jean-Pierre Maurin (1941-1996), Yves-Marie Maurin (1944-2009) et Dominique Collignon-Maurin (né en 1949), auxquels s’adjoignent ensuite Jean-François Vlérick (né en 1957) et Marie-Véronique Maurin (née en 1960). Cette troupe familiale collabore à de nombreux films, téléfilms, feuilletons télévisés ainsi qu'à des représentations au théâtre et à la radio.

     

    Le théâtre municipal de Saint-Brieuc en 2005

     

    En 1946, séparée de son mari, Mado Maurin est nommée directrice des théâtres municipaux de Saint-Brieuc et de Morlaix. Le dimanche 26 janvier 1947, le petit Patrick vient au monde à Saint-Brieuc où il ne restera que quelques mois avec sa mère avant de rejoindre la région parisienne. Après une rupture douloureuse, sa mère épouse Georges Collignon, déjà père de deux jeunes garçons. Dès lors, la tribu de ce qui devient bientôt « les petits Maurins » est constituée. Tous les enfants adoptent alors ce patronyme artistique qui facilite leur placement dans divers spectacles, pièces de théâtre, émissions de télévision et films de cinéma.

     

    Le comédien Yves-Marie Maurin, l'un des six « petits Maurin »

     

    La famille, dirigée par l'énergique Mado, baigne à la fois dans un univers artistique de « saltimbanques » et dans une profonde foi catholique. Ainsi, Patrick va accomplir sa communion solennelle en 1959, à la basilique Montmartre de Paris. Côté « professionnel », il fait ses débuts en 1950, âgé seulement de 3 ans, sur les planches du théâtre de Chaillot dans Primerose de Robert de Flers, où sa mère tient aussi un rôle. Les « petits Maurins » (Dewaere conservera le pseudonyme de Patrick Maurin jusqu’en 1967) vont dès lors se jalouser les rôles enfantins. C'est l'époque où, sans le savoir, le tout jeune Patrick qui ne ressemble pas complètement à ses frères, déclare souvent malicieusement : « Moi, on m'a trouvé dans une poubelle ! », car ses parents ont échafaudé alors sur ses origines, un scénario vraisemblable mais mensonger, son père officiel étant à cette période Pierre-Marie Bourdeaux qui l'a reconnu à sa naissance.

    En 1954, un événement traumatisant survient, relaté par Mado Maurin : Patrick, alors âgé de 7 ans et son grand frère Jean-Pierre partent se divertir à la foire de Gouvernes. Dans un stand de tir, Patrick blesse malencontreusement le responsable de l'attraction qui passe juste devant lui au moment où il parvient, non sans mal, à tirer. Une volée de plombs atteint aux poumons l'homme qui s'effondre et est emmené, quelques minutes plus tard, en ambulance sous les yeux du jeune garçon, particulièrement affecté par son geste malheureux. Mado Maurin avoue qu'il « en a été malade ».

    À cette période, il est inscrit à l’école publique primaire de la rue de Louvois où il fait la connaissance de Francis Huster. Dans le film Monsieur Fabre, il donne la réplique à une immense vedette de l'époque, Pierre Fresnay, aux côtés de ses frères Jean-Pierre et Yves-Marie. En janvier 1956, il joue son premier rôle important dans la pièce Procès de famille au théâtre de l'Œuvre. Le sujet est tragique : un petit garçon est déchiré entre trois couples qui se le disputent. Giflé par l'une des femmes et fou de douleur, il se suicide alors en se jetant dans une cage d'ascenseur. La même année, il joue le jeune Pepeniello, un enfant tiraillé entre deux familles, dans Misère et Noblesse, mise en scène par Jacques Fabbri à Paris, puis accompagne la troupe pour des représentations à l'étranger.

     

    En 1958, le petit Patrick Maurin joue dans un spectacle, au Cirque d'hiver de Paris

     

    De récents témoignages rapportés par Christophe Carrière dans sa biographie Patrick Dewaere, une vie, révèlent que l'enfant aurait subi des abus sexuels de la part d'un membre de sa famille. Selon les mêmes témoignages, ces événements auraient contribué à forger sa personnalité, à la fois rebelle, fragile et tourmentée. Durant cette période, il joue la comédie au théâtre et intervient dans différents films dont certains sont signés par des personnalités reconnues comme Marc Allégret, Gene Kelly ou encore Henri-Georges Clouzot. L'enfant est vif, jovial et turbulent, toujours prêt à en découdre avec l'autorité. Ainsi, son frère Dominique Collignon-Maurin relate que lors du tournage du film La Route joyeuse, l'acteur star et réalisateur américain Gene Kelly prend un caillou en pleine tête parce que le petit Patrick, six ans, s'amuse alors à faire des ricochets. Pour les punir, on les enferme dans une chambre d'hôtel. En représailles, son frère et lui vont la mettre à sac.

    En 1958, il se retrouve avec son frère Yves-Marie au Cirque d'hiver pour jouer la comédie-spectacle Jimmy Boy et Davy Crocket où il monte à cheval et tire sur des indiens aux allures de cascadeurs et de clowns. Il se voit confier peu à peu des rôles de plus en plus important. Ainsi, le 19 décembre 1959, à l'âge de 12 ans, il interprète en direct à la radio française le personnage de Jerry dans la pièce de Samuel Beckett Tous ceux qui tombent aux côtés de Roger Blin. En 1961, dans la série télévisée La Déesse d'or, il fait partie d'un quarteron de gamins prêts à toutes les aventures.

    Tout comme Michel Polnareff, il est inscrit au cours cours Hattemer, une école privée de la rue de Londres où il reçoit un enseignement personnalisé et alors considéré comme« moderne » . Durant sa scolarité adolescente, il noue une relation sentimentale avec une jeune fille prénommée Dominique. Dans son livre, Mado Maurin confie qu'à ses yeux, il est foncièrement « réservé, pur, honnête, droit... et entier ». Et de souligner combien il rêve alors de théâtre. En 1962, il campe sur scène le rôle de l'Innocent dans l'adaptation de L'Arlésienne aux côtés de Joséphine Baker En 1963, il interprète la pièce (au titre symbolique) Fils de personne d’Henry de Montherlant au théâtre des Mathurins. L'histoire retrace la France sous l'Occupation allemande, la collaboration, les restrictions alimentaires mais aussi la séparation des familles et le sort cruel de certains enfants. Le 25 janvier 1964, quelques jours après la dernière représentation et le jour de ses 17 ans, l'illustre auteur lui adresse un mot de félicitations. Toujours en 1963, pour la pièce intitulée Les Yeux de dix-huit ans de Jean Schlumberger, auteur dramatique proche de Louis Jouvet, il partage les planches avec Armand Mestral. L'histoire met en scène un industriel sachant qu'il ne lui reste que quelques minutes à vivre. L'homme se place devant un grand miroir et revoit défiler les événements marquants de sa vie. Le tout jeune Patrick figure sa jeunesse. L'homme l'interpelle, lui faisant des reproches, démontrant combien il a trahi ses idéaux, ses rêves et ses espoirs en grandissant. Pour Mado Maurin, cette fiction fait étrangement écho aux tous derniers instants de Dewaere, installé face à son miroir, juste avant son geste fatal.

    En 1965, avec ses frères Jean-Pierre, Yves-Marie, Dominique et comme Jean-Paul Belmondo avant eux, il est inscrit au cours de Raymond Girard, professeur au Conservatoire (devenu depuis l'Atelier-théâtre Frédéric-Jacquot). Alors que Jean-Pierre et Dominique sont reçus, Yves-Marie et lui sont recalés.

    Le 14 août 1965, il tourne dans le cadre du Théâtre de la jeunesse diffusé sur la première chaîne de l'ORTF un téléfilm consacré à Marie Curie. Il y côtoie de futures vedettes comme Jacques Higelin, Sabine Haudepin ou encore Caroline Cellier.

    Différend familial

    Après une trentaine de pièces de théâtre et de téléfilms à succès pour l’ORTF, il choisit de prendre du champ par rapport à sa famille, pour deux motifs : d’une part, il apprend à dix-sept ans en 1964 par la bouche de son frère le plus proche Dominique Collignon-Maurin, qu'il n'est pas l'enfant biologique de Pierre-Marie Bourdeaux, bien que celui-ci l'ait reconnu, mais le fils naturel de l’artiste lyrique et chef d’orchestre Michel Têtard, mort en 1960 à l’âge de trente-cinq ans, selon Mado Maurin qu'elle a connu à la sortie de la guerre en 1945. Il rejoint la troupe d'artistes que dirige Mado Maurin ainsi que son époux et père de ses deux premiers fils, Pierre-Marie Bourdeaux. Dans la biographie qu'elle publie en 2006, elle précise que les deux hommes ont abordé ensemble le principe d'un divorce et dès lors, Bourdeaux la quitte. Mais après quelques mois d'une passion dévorante, lorsqu'elle lui annonce tomber enceinte en 1946, Mado Maurin reçoit un télégramme de rupture de la part de son amant, refusant de croire que cet enfant serait le sien. Cette relation prend alors fin brusquement.

    D’autre part, son biographe Jean-Marc Loubier affirme qu’il aurait été pratiquement dépossédé d’un héritage par sa mère, à la même période. Le jour de ses dix-sept ans, parce que sa mère lui refuse de téléphoner, il est pris d'une colère subite et la brutalise en la jetant par terre. Il est alors mis à la porte de la maison familiale et se réfugie dans une chambre de bonne. Après deux mois de brouille, il se réconcilie pourtant avec Mado Maurin.

    Un jeune acteur remarqué

    En 1966, bien que figurant et non crédité au générique, il est remarqué par le réalisateur de Paris brûle-t-il ?, René Clément par son incarnation courageuse et physique d'un jeune résistant. Le réalisateur fera à nouveau appel à lui en 1971 dans La Maison sous les arbres pour camper une nouvelle fois comme figurant, le personnage d'un jeune homme rebelle, atypique et un peu anarchiste. Ses différends familiaux l’encouragent à adopter un pseudonyme, élaboré à partir du nom marital de son arrière-grand-mère maternelle Devaëre, dont il changera la troisième lettre par un W. Ainsi, le nom de Patrick de Waëre apparaît au générique de la mini-série Les Hauts de Hurlevent en 1964, avant d'adopter l'orthographe sous laquelle il deviendra célèbre : Patrick Dewaere.

    Le public le remarque réellement en 1967, grâce à un feuilleton télévisé où il tient pour la première fois de sa carrière le rôle principal, Jean de la Tour Miracle, également réalisé par Jean-Paul Carrère et qui bénéficie alors d'un certain succès populaire. Refusant d'être doublé, il effectue toutes ses cascades et monte à cheval avec assurance. Le 6 janvier 1968, après la diffusion de la série, il déclare à la revue Télé 7 jours : « Je veux faire peau neuve complètement et repartir à zéro. Mon passé, je ne le porte pas comme un panache mais je le traîne comme un boulet ». Il quitte alors le domicile familial de la famille Maurin pour s'installer dans un appartement du 18e arrondissement de Paris, rue Ordener, en colocation avec un ami comédien du même âge, Jean-Jacques Ruysdaël qui se tue dans un accident automobile, quelques mois plus tard. C'est à cette époque, selon Christophe Carrière, qu'il adopte la moustache pour vieillir son visage angélique, déclarant : « J'aimerais être laid et vilain. Je me dis qu'en buvant beaucoup, j'aurai des poches sous les yeux et peut-être un jour, une gueule intéressante ».

    Premiers succès

     

    Le Café de la Gare en 2013

     

    Émancipé de la tutelle familiale à vingt-et-un ans, il profite de la montée de la contestation étudiante pour rencontrer des acteurs alternatifs et intégrer le collectif réuni autour de Romain Bouteille. À la même période, toujours rebelle, il gagne sa vie comme déménageur en livrant des réfrigérateurs. De février à avril 1968, il partage l'affiche avec Pierre Arditi dans Ma déchirure de Jean-Pierre Chabrol, mise en scène au théâtre de la Commune par Gabriel Garran ; dans la distribution figure aussi Élisabeth Wiener avec laquelle il noue une relation amoureuse qui durera quelques mois. Il participe aux événements de Mai 68 après s'être fait matraqué par un CRS, n'hésitant pas à faire le coup de force. Durant l'occupation de la salle de cinéma « Les Trois Luxembourg » aux côtés d'autres manifestants, réalisateurs et acteurs, il noue une relation passionnée avec la comédienne-réalisatrice Sotha qui, jusqu'alors, partage sa vie avec Romain Bouteille. Autant par défi que par jeu, ils se marient le 26 juillet 1968. Rufus est le témoin officiel de ce mariage ainsi qu'une amie danseuse, Christine Haydar, qui jurent de garder le secret sur cette « union officielle ».

    Dewaere participe ensuite activement aux travaux de construction du premier café-théâtre du collectif, passage d'Odessa dans le quartier du Montparnasse: le Café de la Gare. Il y partage les planches avec Coluche, Henri Guybet, Martin Lamotte, Renaud et Sotha, sans oublier celle qui deviendra la passion de sa vie : Miou-Miou. Prenant de la distance avec son passé de jeune comédien et sa foi catholique, il adopte une position libertaire comme le relate Sotha.

     

    Renaud, ami depuis 1969, rendra hommage à Dewaere, dans la chanson Mon bistrot préféré

     

    Durant cette période, il signe le scénario et les dialogues de différents sketchs, notamment avec Sotha. La troupe accueille par la suite Gérard Lanvin, Gérard Depardieu, puis Bernard Lecoq, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Anémone et Gérard Jugnot. En novembre 1968, Dewaere doit rejoindre l'armée pour faire son service militaire obligatoire. Pour être réformé, il absorbe alors quantité de médicaments sous la surveillance de sa compagne Sotha et succombe presque à un empoisonnement. Le médecin qui le suit lors de son hospitalisation diagnostique des « tendances à l'autolyse », ce qui signifie un net penchant pour les tentatives de suicide. Désormais libéré des obligations militaires, Dewaere s’essaie au doublage, prêtant notamment sa voix à Dustin Hoffman dans Le Lauréat ou à Jon Voight dans Macadam Cowboy et développe sa passion pour la musique et la chanson. Le 12 juin 1969, le Café de la Gare ouvre ses portes au public avec comme slogan : « C'est moche, c'est sale, c'est dans le vent ! ».

     

    Françoise Hardy pour laquelle Dewaere va composer et interpréter en duo avec elle une chanson, sur des paroles de Sotha

     

    En 1971, il compose et interprète ainsi en duo avec Françoise Hardy, la chanson T’es pas poli lors d'une émission diffusée sur Antenne 2 et intitulée Duo inattendu. Comme ses amis du Café de la Gare, il tourne également quelques publicités qui aident à financer le théâtre. La même année, il participe à deux courts-métrages avec la troupe du Café de la Gare et obtient un petit rôle dans Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau. Assistant sur le film, Luc Béraud relate une anecdote que Dewaere lui a confiée ; lors du tournage, alors qu'il n'interprète qu'un tout petit rôle, il déclare avec malice à Jean-Paul Belmondo, l'acteur principal : « Fais gaffe à tes fesses ! Nous, on est derrière ; on va te faire tomber ».

    À cette période, Coluche déclenche une bagarre générale dans la troupe du Café de la Gare, certains l'accusant de se servir indûment de leur travail pour ses propres sketches. Il se fait renvoyer et part mener sa carrière en solo. Il quitte également sa compagne Miou-Miou, laquelle se rapproche progressivement de Patrick Dewaere alors que Sotha choisit de le quitter au tout début de l'année 1972. En 1972, il est pressenti pour jouer un petit rôle de séducteur dans César et Rosalie mais Claude Sautet prend peur en constatant la fougue et la richesse du jeu de ce jeune homme qui selon lui, en donne trop. La même année, Robert Enrico lui fait passer des essais pour Les Caïds mais il n'obtient pas le rôle attribué à son ami Patrick Bouchitey. Ils partageront néanmoins l'affiche du film La Meilleure façon de marcher en 1976 et élaboreront un projet de film intitulé On est pas des héros avec Dewaere dans le rôle principal et Bouchitey à la réalisation.

    Toujours en 1972, comme le révèle Claude Miller alors assistant du réalisateur Gérard Pirès, il participe au casting du film Elle court, elle court la banlieue, en compagnie de ses collègues et amis du Café de la Gare. En 1973, il interprète l'un des rôles principaux d'un film totalement expérimental et d'expression poétique : Themroc de Claude Faraldo, aux côtés de Michel Piccoli et ses comparses Romain Bouteille, Coluche, Henri Guybet et Miou-Miou. Bien que devenu culte parce que les dialogues n'exploitent aucune langue réelle et qu'une certaine improvisation y est flagrante, ce film ne recueille alors qu'un succès d'estime.

    Période faste

     

    Bertrand Blier, ami de Dewaere et réalisateur du film Les Valseuses

     

    Dewaere se révèle au grand public en 1974 dans Les Valseuses de Bertrand Blier, film où il apparaît aux côtés de Gérard Depardieu et Miou-Miou, avec laquelle il vit une intense passion amoureuse de laquelle naît une fille, Angèle Herry, le 13 août 1974. Le réalisateur hésite un temps pour donner l'une des rôles principaux à Coluche mais grâce aux essais fulgurants qu'il tourne avec Dewaere, Blier décide de l'engager, persuadé de son talent et de son charisme pour le rôle. Le tournage est émaillé des quatre cent coups du duo Depardieu - Dewaere et doit même être prolongé de deux semaines par leur faute et leurs dérives. Heureusement, le succès populaire et commercial est très important car le film recueille plus de 4 millions d'entrées. Pourtant lors du tournage Bertrand Blier est témoin des déchirements passionnels que se livrent Miou-Miou et Dewaere. Un soir, Dewaere défonce la porte de la chambre d'hôtel de Gérard Depardieu, persuadé à tort que Miou-Miou le trompe avec lui. Cet épisode douloureux démontre l'hyper sensibilité de Dewaere et un vif penchant pour les réactions à chaud. Selon les témoignages recueillis par Christophe Carrière, l'acteur éprouve du mal à affronter les démons de ses origines incertaines et de son enfance abîmée et abusée; le mensonge et la dissimulation, représentant pour lui, les ennemis absolus.

    À cette période, il tourne Au long de rivière Fango, un film écrit et réalisé par celle qui est toujours son épouse officielle, Sotha et cofinancé par Coluche. L'intrigue fait étrangement écho à la vie personnelle de l'acteur, comme le relate Christophe Carrière : elle traite du « mensonge par omission » concernant les origines parentales de l'un des héros, mettant en évidence la responsabilité de la mère, Mathilde, interprétée par Emmanuelle Riva. S'il ne remporte pas un succès populaire, ce « film de potes » (il regroupe les habitués du Café de la Gare, Romain Bouteille, Christine Dejoux et Rufus, mais aussi des proches comme Élisabeth Wiener, Catherine Ringer ou Gérard Lanvin) procure de grandes satisfactions à l'acteur. Après le flop de la comédie légère (mais bien payée) Catherine et Compagnie avec Jane Birkin, Dewaere choisit d'incarner un petit flic de province aux côtés de Lino Ventura (rôle que vient de refuser Alain Delon), bien qu'il ne porte pas dans son cœur les forces de l'ordre depuis mai 1968 et qu'il éprouve quelques réticences avec les armes à feu suite à son accident de jeunesse. Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre remporte un réel succès et lui permet d'obtenir un gros cachet. Il en profite alors pour s'acheter une voiture de luxe et loue un duplex dans le quartier Saint-Germain-des-Prés à Paris. En 1975, son nom est retenu pour une production italo-américaine pour laquelle Miou-Miou est engagée, Un génie, deux associés, une cloche mais Dewaere refuse ce qu'il considère comme un navet. Les relations du couple commencent alors à se déliter.

     

    Rufus, comédien, témoin de mariage et ami de l'acteur (2010)

     

    Toujours avec Rufus, il entame alors le tournage du film Lily aime-moi en 1975. Dans le documentaire datant de 2005 réalisé par Alexandre Moix figurant dans le DVD du film, La Bande à Lilly, Dewaere déclare : « Ce qui arrive à ce type là, c'est vraiment une histoire politique », mettant en évidence l'implication personnelle de l'acteur, que confirment le réalisateur Maurice Dugowson et Jean-Michel Folon. Huit ans avant le tournage de d'Édith et Marcel de Claude Lelouch, Patrick Dewaere s'entraîne pour être crédible à l'écran comme boxeur. Dans une archive du même documentaire, Dewaere déclare qu'il est réellement monté sur le ring pour une rencontre hors tournage le 30 novembre 1974, mais ayant fait match nul, ce qui l'énerve, il se sent obligé à refaire un nouveau combat avec le même boxeur professionnel. Folon livre aussi quelques secrets dans le travail de Dewaere sur ce film. Selon lui, il « gomme, il nettoie, il simplifie le plus possible » son jeu d'acteur. Folon relate que l'acteur ne joue pas, il incarne en réalité le personnage et que lors du tournage, entre deux plans, Dewaere lui a lu la fin de Cyrano de Bergerac ; tous deux sont alors en larmes à la fin de la tirade. Rufus évoque également la fragilité, la modestie et la grande solitude éprouvée par son ami acteur, pourtant en pleine période de gloire, il le considère « aussi fragile qu'un enfant ». Le film traite également de la rupture et de l'amour perdu et Dewaere donne la réplique à Miou-Miou, alors sa compagne dans la vraie vie. Parmi l'un des dialogues du film, à travers son personnage de boxeur raté, l'acteur dévoile une part intime de ses errances personnelles, concernant l'amour et ses déboires; il avoue à son ami sur ce sujet, une parole prémonitoire concernant le suicide : « Et je m'emmerde… à me pendre ! ».

    Rupture

     

    Miou-Miou et Julien Clerc sur le tournage du film D’amour et d’eau fraîche

     

    À l’été 1975, quelques semaines après la sortie du film Lily aime-moi, Miou-Miou vient d’être choisie pour le tournage du film D’amour et d’eau fraîche. Elle tente d'imposer à la production Patrick Dewaere pour camper le premier rôle masculin. Mais le réalisateur Jean-Pierre Blanc refuse et préfère engager Julien Clerc qui pourtant, n'a jamais fait de cinéma jusqu'alors et que sa compagne France Gall vient de quitter. Sur les plateaux, Miou-Miou, dont le couple est en crise, tombe sous le charme du chanteur et décide de rompre avec Dewaere au cours d'une conversation téléphonique, lequel fait aussitôt le trajet depuis Paris pour « casser la gueule » du chanteur à son hôtel, lors du tournage à Évian.

     

    Miou-Miou et le réalisateur Jean-Pierre Blanc en 1976, sur le tournage du film D'amour et d'eau fraîche

     

    Cette situation rend particulièrement difficile le tournage de leur film suivant F… comme Fairbanks qui débute quelques semaines plus tard. Les personnages incarnés par Miou-Miou et Dewaere s’aiment et se déchirent, à l’image des deux acteurs dans leur vie privée. Second long-métrage de Dugowson avec une partie des mêmes acteurs principaux, dont Dewaere, Miou-Miou et Jean-Michel Folon. En 1992, dans le film de Marc Esposito, Patrick Dewaere, Miou-Miou avoue combien ce tournage aura été éprouvant pour elle et pour son ex compagnon. Dans le documentaire La Ballade de Fairbainks réalisé par Alexandre Moix en 2004, une archive dévoile comment Patrick Dewaere entend incarner intensément son rôle. Dans l'interview, il s'exprime à la première personne, comme si le personnage parlait par sa bouche : « Moi, je suis le contraire d'un Fairbanks; C'est ce qui m'agace, en fait. Moi, je supporte pas que mon père m'appelle Fairbanks toujours… Parce que moi, il m'arrive des ennuis tout le temps… ». Il tente de se reprendre aussitôt et déclare que c'est un film où, il ne cesse de tomber, il n'a pas de boulot, sa compagne vient de le quitter, ce qui l'affecte profondément alors que selon lui, au contraire, Fairbanks réagit formidablement face aux événements, il a une posture « de gagnant, de roi, de chef » et rien ne peut l'atteindre. Dewaere poursuit : « Alors que moi, tout me diminue complètement et je finis par devenir complètement dingue à la fin ». Film à message social comme le précédent (Lily aime-moi), F… comme Fairbanks traite à nouveau du chômage, comme fléau majeur de notre époque et exploite une nouvelle fois Dewaere en anti-héros « perdant ». Le producteur Michel Seydoux relate qu'il existe « une certaine souffrance dans ce film ».

    Pour Jean-Michel Folon, ce film de Dewaere est le plus beau car il est chargé d'émotions vécues. Il révèle que le soir, après le tournage, la toute petite fille née de l'union avec Miou-Miou doit tantôt repartir avec l'un ou l'autre de ses parents, ce qui est déchirant pour toute l'équipe. La force intense du drame personnel que vit alors Patrick Dewaere trouve son paroxysme dans l'une des scènes essentielles du film, lorsqu'il surgit sur une scène de théâtre, interrompt la pièce où le personnage que Miou-Miou joue en public et l'entraîne en coulisse devant tous, pour régler ses comptes avec elle. Jean-Michel Folon précise que quelques instants avant de tourner ce long plan, Dewaere déclare au réalisateur qu'il ne sera en mesure de faire qu'une seule prise, compte tenu de l'intensité dramatique de la séquence. L'acteur déclare à Dugowson : « Je vais tout donner… Arrange-toi pour qu'il n'y ait personne sur mon passage ». Lors de la scène, il hurle et se précipite à plusieurs reprises, la tête en avant contre une cloison, sans qu'il soit possible d'être doublé par un cascadeur. Jean-Michel Folon dévoile que durant cette période, l'acteur lui a confié s'être retrouvé tout seul à la cathédrale Notre Dame de Paris, au milieu de la nuit pour prier. Le documentaire s'achève sur une phrase de Jean-Michel Folon, son ami : « Patrick était une flamme. Une flamme, c'est fragile et ça peut s'éteindre au moindre courant d'air. Et il y a eu un courant d'air... Et Patrick s'est éteint ».

     

    Yves Boisset, réalisateur du film Le Juge Fayard dit Le Shérif

     

    Lors du tournage du film Le Juge Fayard dit Le Shérif, Yves Boisset observe l'acteur qui n'interprète pas le rôle mais l'incarne et le vit et révèle alors dans le livre de Mado Maurin : « Ce jour-là, j'ai compris qu'il ne jouait pas, mais qu'il vivait la scène et je me suis dit, mon dieu, il est en danger ! ». Au cours de la préparation d'une séquence devant être réalisée au palais de justice d'Aix-en-Provence où se déroule le film, Dewaere, contrarié par une interdiction de manger à l'intérieur de l'édifice, s'énerve contre le réalisateur qui entend le raisonner. Devant toute l'équipe technique l'acteur propose de se battre à Yves Boisset, pour régler la question de manière virile. Après avoir échangé deux coups de poings, Dewaere se met à rire et déclare : « Au moins, maintenant, on est copains ! ». Le fin du tournage se déroule sans aucun accroc, l'acteur s'attachant à exécuter scrupuleusement tout ce que lui demandera le metteur en scène. Selon Boisset dans le même ouvrage, l'acteur dissimule alors en réalité son hyper sensibilité et sa très grande pudeur, par de constantes provocations, un comportement volontairement agressif, « parce que même pour un empire, il n'aurait pas voulu être tout simplement gentil ». Il ajoute que l'acteur souffre alors considérablement de sa rupture avec Miou-Miou, survenue quelques semaines auparavant, l'actrice ayant rejoint Julien Clerc. Yves Boisset raconte qu'une nuit à Saint-Étienne, de retour d'une réunion tardive avec le maire, il aperçoit Dewaere en train d'arracher les dizaines d'affiches du chanteur qui est alors en tournée dans la même ville. Le réalisateur n'ose pas le surprendre et ressent alors qu'il « devait être terriblement malheureux ». Dans le même livre, Yves Boisset explique à Mado Maurin qu'après Le Juge Fayard dit Le Shérif, il mesure à quel point ses rôles peuvent influencer la vie de Dewaere. Le réalisateur se jure alors à ne lui proposer que des personnages et des histoires positives comme dans les films La Clé sur la porte ou encore Le Prix du danger qu'il ne pourra jamais tourner, ayant mis fin à ses jours quelques mois avant le début du tournage.

    Amitiés et impact des rôles

     

    Philippe Léotard, compagnon de route et d'ivresse de Dewaere

     

    En plus de Coluche, Bertrand Blier ou encore Jean-Michel Folon, Dewaere entretien une relation d'amitié depuis le début des années 1970 avec celui que la profession considère comme son alter ego, Gérard Depardieu. Plusieurs réalisateurs et producteurs, pensent systématiquement à l'un ou l'autre durant cette période, comme s'ils étaient interchangeables. Dans le livre de 2006 signé par Mado Maurin, le réalisateur Claude Sautet relate qu'il a hésité à embaucher Depardieu lors de l'écriture du film Un mauvais fils.

    Mais il renonce, estimant « qu'il manque à Gérard, quelque chose d'angélique et d'enfantin ». Depardieu déclare lors d'une interview : « Avec Dewaere, c'est bien et c'est pas cher. Avec Depardieu, c'est plus cher et c'est pas mieux ». Pour se vieillir, Dewaere arbore une moustache depuis sa participation au Café de la Gare au tout début des années 1970, soit une dizaine d'années. Afin de mieux figurer le vulnérable personnage qu'impose le rôle, Dewaere suprend Claude Sautet en venant à un rendez-vous préparatoire, sans moustache. Ce geste touche profondément le réalisateur et l'acteur révèle pourquoi il l'a coupée : « Je ne sais pas, comme ça. Pour montrer que j'en étais capable ». Comme le révèle Christophe Carrière dans son ouvrage paru en 2012, ce film aborde l'addiction à la drogue dont le personnage est victime dans le film aux côtés du rôle interprété par Brigitte Fossey. Comme en écho à ces souffrances jouées, l'acteur subit le même handicap dans la vie réelle. Ce film s'inscrit alors dans une succession de longs-métrages où les rôles négatifs s'additionnent, même pour certaines comédies. Tantôt paumé, perdant, marginal, drogué, désespéré, paranoïaque, frustré, introspectif, violent, fantasque ou manipulateur, une majorité de films vont exploiter jusqu'à la fin, son énergie, ses fêlures et sa vulnérabilité intérieure : Lily aime-moi, Au long de rivière Fango, La Meilleure Façon de marcher, La Marche triomphale, F... comme Fairbanks, Le Juge Fayard dit Le Shérif, La Chambre de l'évêque, La Clé sur la porte, Préparez vos mouchoirs, Le Grand Embouteillage, Série noire, Psy, Plein sud,Hôtel des Amériques, Beau-père, Paco l’infaillible et le plus marquant, Paradis pour tous qui mettra en scène un suicide prémonitoire.

    Dans l'ouvrage de Mado Maurin, Luc Béraud relate sa relation avec l'acteur. Le début de leur collaboration, sur le tournage de La Meilleure Façon de marcher, est chaotique : l'acteur le traite de « facho » parce qu'il a un tempérament de « gueulard » (ce que Béraud reconnaît lui-même bien volontiers). De plus, Dewaere a été choisi alors qu'à l'origine son ami Philippe Léotard devait tenir le rôle mais le réalisateur ne s'aperçoit pas que l'acteur est en pleine dérive. Ce dernier vient de rencontrer par l'intermédiaire de Patrick Bouchitey, une jeune femme prénommée Barbara qui va l'entraîner dans les paradis artificiels des drogues dures. Après le tournage de La Meilleure façon de marcher, qui permet à Dewaere d'obtenir la seule récompense de sa carrière : l'Étoile de cristal du meilleur acteur en 1975 (partagée avec Bouchitey), lui et Bouchitey se laissent aller à des excès nocturnes qui finissent par les impliquer dans un grave accident de voiture à Paris. Dewaere s'en tire avec quelques contusions, Bouchitey est blessé et surtout l'accident a fait une victime, la conductrice de l'autre véhicule. Ce épisode dramatique marque encore un peu plus l'acteur, déjà éprouvé par l'accident de tir dont il avait été responsable durant son enfance.

    Ambitions cinématographiques et musicales

    Le 1er mars 1976, Philippe Caloni reçoit Patrick Dewaere sur France Inter pour la sortie du film La Meilleure Façon de marcher. L'acteur dévoile qu'il a accepté le rôle dès la lecture du scénario, ce qui est alors inédit pour lui. Concernant la dernière séquence du film où son personnage macho dévoile son trouble face au jeune homme sexuellement ambigu (joué par Patrick Bouchitey) qu'il avait continuellement agressé au cours de l'histoire, Dewaere déclare : « C'est la plus grande scène du film. Je n'ai tourné tout le film que pour cette scène-là ». Interrogé sur son parcours professionnel, il répond : « Oui, oui, j'ai fait beaucoup de chemin », tout en ne se prétendant pas « vedette de l'écran ». Il précise qu'il n'en est pas encore à vraiment choisir ses rôles ou les metteurs en scène. Durant cette période, Dewaere fonde encore l'espoir de voir le cinéma français changer. Le journaliste soulève la question du risque de tourner avec Claude Miller que personne alors ne connaît vraiment. Dewaere répond avec malice : « Non. Ce n'est pas un risque. C'est un bon calcul ! ». Et d'enchaîner sur l'état du 7e art des années 1970 : « Jusqu'alors, le cinéma français se bande un peu les yeux ». Sur l'hypothèse de tourner un film gentillet mais très bien payé, Dewaere répond par la négative : « J'en ai déjà refusé pas mal comme ça. Non. Je n'ai pas envie ». À la journaliste Sophie Dumoulin qui indique qu'il vient d'achever le tournage de F… comme Fairbanks de Maurice Dugowson, il précise : « Dans le film de Claude Miller, je suis un type que rien n'abat alors que pour le film de Dugowson, je deviens fou à la fin », soulignant combien les événements dramatiques d'une existence peuvent affecter un être humain aussi fragile et sensible que le personnage de F… comme Fairbanks. Concernant son physique, il constate et apprécie qu'on ne l'affuble pas de rôles de « jeune premier trouduc ». Au sujet d'un précédent entretien où il déclarait vouloir se crever un œil ou s'enlaidir, Dewaere répond avec une sérénité affichée : « La vie fera de moi ce qu'elle veut et je serai toujours content ». Concernant sa technique d'acteur, Dewaere confirme qu'il refuse de « faire semblant ». Il prétend que ce serait plus simple et qu'il procéderait ainsi par paresse. Il confirme littéralement vivre les émotions du personnage et agir en fonction du rôle. Il réfute en revanche, la notion d'improvisation et confirme un choix délibéré, une réflexion et une certaine préparation. Au sujet de son succès naissant, il avoue que cela le conforte et le rassure. Cette confiance des autres le rend plus fort, ce qui lui permet de donner encore plus à son métier. Pour conclure, l'acteur confirme un nouveau tournage en costumes d'époque avec ses comparses du Café de la Gare prévu pour le mois de mai 1976, sous l'égide de Romain Bouteille et intitulé Yeomen sans colère, une satire de mai 1968 transposée au Moyen Âge. En dépit de leurs efforts, le projet ne se fera pas mais inspirera largement Coluche pour son film Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, sorti l'année suivante et dans lequel on retrouve une partie de la troupe du Café de la Gare dont Sotha, Philippe Manesse, Gérard Lanvin et Martin Lamotte.

    Dans un reportage diffusé lors du journal télévisé de 13h de TF1 le 16 février 1976, Miou-Miou et Dewaere parlent de leur métier lors du tournage de F… comme Fairbanks. Ils évoquent leurs débuts au Café de la Gare et leur apprentissage du métier d'acteur. Dewaere estime que le succès a été très long à venir. Il en a été profondément affecté parce qu'il avait « une haute opinion » de lui-même, déclare-t-il en riant. Il observe que le fonctionnement commercial du cinéma impose des aberrations comme, par exemple, se focaliser durant une très courte période sur un artiste, en portant toute la lumière médiatique sur lui. Miou-Miou partage cette analyse et évoque la disproportion, l'amplification, la distorsion que le métier engendre. Elle confirme que l'argent en est un moteur évident, y compris pour les acteurs. Dewaere avoue pourtant, quelque peu dépité : « Maintenant que ça marche pour moi, ça ne me passionne plus autant qu'avant ». Il ajoute que, désormais, il connaît toutes les facette du métier. Ce qui pourrait toutefois changer sa position, consisterait à choisir les réalisateur avec lesquels il aimerait travailler, sans en nommer aucun.

    Le 24 mai 1976, interrogé toujours sur TF1 en direct du Festival de Cannes pour défendre F… comme Fairbanks projeté hors sélection officielle, Deware précise que s'il n'aime pas les décorations, il apprécierait considérablement le fait de recevoir une distinction de la part de sa profession. Sur les réalisateurs avec lesquels il rêve de travailler, il cite Martin Scorcese, Robert Altman et John Cassavetes. On apprend également qu'il signe toujours l'engagement d'un film au « dernier moment parce qu'il peut toujours se produire quelque chose de mieux », afin de préserver une part de liberté dans ses choix artistiques.

    La même année, Patrick Dewaere et Miou-Miou se retrouvent en Italie pour La Marche triomphale de Marco Bellocchio. Le couple n'est alors plus en crise et le tournage se déroule sans accroc, même si Dewaere est toujours sous l'emprise de la drogue et qu'il juge au final le film décevant. Dewaere retrouve Béraud l'année suivante sur Le Juge Fayard dit Le Shérif (dont Béraud est coscénariste) ; les deux hommes partagent une maison à Aix-en-Provence et un lien se tisse entre eux qui inspire aux producteurs l'idée d'un remake de Fanfan la Tulipe avec Dewaere dans le rôle principal, Claude Miller à la réalisation Béraud au scénario. Peu avant, Miller a réalisé Dites-lui que je l'aime avec Gérard Depardieu et Dewaere ayant refusé de jouer les « seconds couteaux » avec « le gros » en vedette (comme il l'appelle alors), le rôle est revenu à Christian Clavier. Béraud en profite alors pour parler à la production de son propre projet de long-métrage pour lequel il souhaite Dewaere : Plein sud qui verra le jour en 1981 et pour lequel l'implication de l'acteur s'avèrera déterminante.

    Lors d'un séjour à Dakar offert par un voyagiste et à l'invitation d'Yves Boisset, Patrick Deware fait la connaissance d'une jeune fille. Une nouvelle fois, la drogue est l'un de leurs centres d'intérêt communs, d'autant plus qu'ils sont tous deux en période d'abstinence. Mais cette brève relation est encore abîmée par une issue tragique : Dewaere apprendra quelques mois plus tard que cette jeune fille s'est suicidée en se jetant par la fenêtre. Pour se changer les idées et relever un nouveau défi personnel, Dewaere décide de traverser en solitaire, le Sahara en moto. Les forces de l'ordre marocaines lui interdiront alors d'entreprendre sa traversée. Boisset révèle également qu'il lui offre le roman quasi autobiographique de Jack London, Martin Eden, lequel devient dès lors son livre de chevet.

     

    Martin Eden (1909) de Jack London, livre de chevet de l'acteur.

     

    Pour Préparez vos mouchoirs, son réalisateur et ami Bertrand Blier décide de réunir à nouveau le trio Dewaere, Depardieu et Miou-Miou mais cette dernière refuse, non pas en raison de sa rupture avec Dewaere, mais parce qu'elle ne souhaite plus exhiber sa nudité. Du fait que le rôle est particulièrement déshabillé, Blier confie le personnage féminin à Carole Laure. Le tournage se déroule beaucoup plus calmement que celui des Valseuses et Bertrand Blier avoue qu'une page est tournée car la folie des débuts a fait place à l'expérience professionnelle, surtout pour Depardieu qui a désormais son assistant personnel et son maquilleur. Durant cette période, Dewaere reçoit une douzaine de propositions, dont notamment cinq projets qu'il retient :

    • Le Bourrin ou Le Hareng de Jean-Jacques Annaud écrit par Francis Veber, sur l'univers du football en province qui deviendra Coup de tête ;
    • Crimes obscurs en Extrême-Orient d'Yves Boisset, racontant l'assassinat du Pape par des agents de la CIA. En octobre 1977, Dewaere tourne des essais au Vatican, Boisset réalisant les prises de vues en caméra légère avec une équipe réduite. La distribution comprendrait Lauren Bacall et James Coburn. Une production internationale contrôlée par des investisseurs suisses qui à terme, abandonneront le projet;
    • Au revoir... à lundi de Maurice Dugowson qui comprend Miou-Miou et Carole Laure et pour lequel le réalisateur demande son avis à Dewaere, mais dans lequel ni ce dernier ni son frère Jean-François ne jouent contrairement à ce qui était initialement prévu;
    • La Java de Claude Miller, grosse production internationale avec Miou-Miou, film d'époque en costumes traitant notamment du « Paris canaille » des années 1800. Un long-métrage qui ne se montera pas, principalement faute de financements suffisants ;
    • Il n'y a pas de mai de Gérard Oury (qui deviendra La Carapate), comédie autour de mai 1968 avec Pierre Richard que Dewaere refuse et dont le personnage est repris par Victor Lanoux. Un différend contractuel oppose alors la Gaumont dirigée par Alain Poiré et l'acteur qui se règle à l'amiable, évitant à Dewaere de payer un dédommagement élévé.

    Ce dernier épisode affecte la notoriété publique de l'acteur qui commence à avoir la réputation de « casse-pieds » (euphémisme). En parallèle, sa relation passionnée et abîmée par la drogue avec sa nouvelle compagne, Elsa (de son vrai nom Élisabeth Malvina Chalier), l'éloigne de la plupart de ses amis. Bertrand Blier avoue espérer que l'acteur la quittera, notamment durant la période du tournage de La Clé sur la porte avec Annie Girardot car « il était incontestablement esclave de son amour pour elle. Pourtant, elle l'a maltraité, l'a beaucoup trompé ».

     

    Yves Simon, ami et producteur du premier disque de Dewaere

     

    Le réalisateur Jean-Jacques Annaud parvient à l'imposer pour le film Coup de tête à la Gaumont et Alain Poiré qui pourtant ne veulent pas en entendre parler et proposent Depardieu à la place. Annaud révèle dans le même ouvrage que lors de la préparation du film en 1978, Patrick Dewaere, lassé de ce qu'il considère comme des échecs au cinéma, mise considérablement sur la chanson et sort son premier disque. Mais le 45 tours produit par Yves Simon ne reçoit pas un accueil très populaire et la critique est mitigée, y compris celle de ses proches et amis. En 2004, Annaud livre plusieurs précisions concernant le tournage de Coup de tête. Ainsi, il relate qu'en 1979 l'acteur est agréable à diriger et qu'il ne subit alors aucun méfait de la drogue, sauf pour la toute dernière semaine du tournage. Le réalisateur précise pourtant : « Il vivait un cauchemar avec la femme avec laquelle il avait choisi de vivre ». Concernant sa carrière, selon Annaud, Dewaere pensait alors que Gérard Depardieu raflait les meilleurs rôles et s'estimait lui-même être mauvais; « un acteur de seconde classe ». Pourtant Jean-Jacques Annaud ne tarit pas d'éloges concernant Dewaere, soulignant sa puissance de jeu et le prodige qu'il est alors capable de jouer deux partitions à la fois en incarnant un rôle. Lors du tournage d'une scène essentielle du film où tous les protagonistes se retrouvent pour un banquet et que le héros du film doit réagir en force face à eux, le réalisateur dévoile que tous les acteurs présents étaient terrorisés par l'incroyable violence incarnée par Dewaere pour servir son personnage. Lors du dernier jour de tournage du film, Dewaere épuisé, dort dans un coin du plateau, sur un banc. Annaud demande alors à l'accessoiriste de déplacer son sac de couchage. L'acteur se réveille en sursaut et il frappe au visage l'accessoiriste, dont une dent se brise, suite au choc. Désespéré par son geste malheureux, Dewaere ne sait comment se faire pardonner. L'accessoiriste ne lui en veut pas mais l'acteur se confond en excuses, lui fait un cadeau et l'invite au restaurant. À ce sujet, Annaud confie à Mado Maurin que ce soir-là, toute l'équipe constate que « Patrick n'était pas dans son état normal. Et son comportement avait changé. C'était dramatique ».

    Satisfaction, bien que très provisoire, pour Dewaere, Préparez vos mouchoirs reçoit l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood. Le 10 avril 1979, Pierre Bouteiller reçoit Dewaere dans le journal de 13h, Inter Actualités, sur France Inter. « Ce matin j'étais très content en me réveillant mais plus je me réveille, plus je m'aperçois que grâce à cet Oscar, plus rien ne sera jamais plus comme avant pour moi ! » s'exclame l'acteur en riant. S'il ne pense pas que la récompense aura une réelle influence sur sa carrière, il estime cependant que « même si on n'est pas grand chose, on peut continier à l'être, la tête haute ».

    Série noire et descente aux enfers

     

    Alain Corneau, réalisateur du film Série noire

     

    Pour le tournage de son film suivant Série noire, Alain Corneau révèle que si l'acteur n'avait pas accepté le rôle, il aurait renoncé à monter le film. Dewaere va alors mettre toute son énergie et la force de son talent d'acteur dans ce film. Il déclarera lors de sa dernière interview qu'il s'agit du long-métrage qu'il aura eu le plus de plaisir à jouer. Comme le relate Christophe Carrière, l'acteur qui subit alors une addiction à la drogue reste cependant toujours parfaitement lucide durant toute la durée du tournage et maîtrise son texte à la perfection. Pour l'une des scènes du film, il se précipite tête la première et sans aucune protection contre le capot d'une voiture, refusant d'être doublé par un cascadeur. Marie Trintignant témoigne : « Dans ce film, j'ai l'impression qu'on se jetait tous dans les scènes, dans les éléments, comme des animaux… C'était un film violent. Tout était violent ! ». Myriam Boyer précise aussi combien le budget du film était « maigre », avec une équipe très réduite. Après une séquence forte où le personnage joué par Dewaere bat celui de Myriam Boyer, l'acteur révèle à sa partenaire qu'il avait l'impression de frapper sa mère (Mado Maurin), comme pour régler ses comptes avec elle. Dans le même ouvrage, Myriam Boyer confirme que Dewaere se sentait obsessionnellement menacé par le succès grandissant de son alter ego Gérard Depardieu.

    Lors de la présentation hors compétition du film au Festival de Cannes, Dewaere se confie à plusieurs journalistes. Le 15 mai 1979, Alain Schneider recueille pour le JT de la nuit de TF1 les propos de l'acteur au sujet du film. Selon Dewaere, le personnage de Frank Poupart est à l'image de « tout le monde » mais dans la chaîne composant l'humanité, il « est le maillon qui a craqué ». Il précise que cet individu subit un tas de choses dans sa vie - dont sa profession - et qu'il étouffe. Il a envie de vivre. L'acteur souligne ce besoin d'évasion, de rêve, d'exotisme. Il précise : « Ce n'est pas un salaud, c'est un mec tout à fait normal ». Dewaere confirme qu'il est persuadé qu'il s'agit de son meilleur rôle. Particularité du long-métrage selon lui : « Dans un film, il y a toujours quatre ou cinq scène importantes » et le reste représente un simple lien entre elle. Pour lui, dans ce film, chaque jour de tournage et chaque scène ont représenté « un tournant du film ».

    À Pierre-André Boutang qui le questionne sur ses « rêves d'enfant », , il avoue admirer les acteurs américains Marlon Brando, Dustin Hoffman ainsi que les actrices Jane Fonda et Shelley Duvall. Sur le travail d'acteur de Brando, il déclare qu'il ne fait rien et est génial, alors que Dustin Hoffman « en fait des tonnes » et il est tout autant efficace à l'écran. Concernant la façon dont il perçoit son avenir, il avoue : « Je ne serai jamais vieux, moi. On devient vieux à partir du moment où on a peur du lendemain. C'est à ce moment-là qu'on devient vieux... J'essaierai de ne jamais avoir peur du lendemain ». Concernant les récompenses, il se révèle à la fois ironique et dépité : « Moi j'ai toujours raté tous mes examens. Je suis très habitué. Je n'ai jamais été choisi par un jury ». De fait, le film est diversement accueilli par la critique. Parmi ses détracteurs, Gérard Lefort, journaliste à Libération écrira le jour même de la mort de Dewaere qu'il « jouait la comédie comme une chaussette molle, trimbalant sa petite gueule de frappe teigneuse comme unique carte de visite ». Toutefois, le même critique changera publiquement d'avis bien des années plus tard, notamment au sujet de Série noire. La déception de Dewaere est plus grande encore quand, un an plus tard, le film ne reçoit aucune récompense aux César.

    Quelques mois après la sortie, Myriam Boyer rencontre Dewaere à Los Angeles ; ils parlent alors longuement. Visitant ensemble le parc Disneyland, elle note : « Il rêvait de l'Amérique comme un gamin ». C'est également à Los Angeles que Dewaere voit la pièce de théâtre Les Enfants du silence et entreprend des démarches auprès de la William Morris Agency pour acheter les droits d'adaptation afin de la jouer en France. Mais du fait des contraintes de temps nécessaires pour apprendre la langue des signes, indispensable afin de jouer le rôle principal masculin, il doit abandonner le projet ne pouvant se permettre une année sabbatique.

    En juillet 1979, le chanteur et compositeur François Deguelt souhaite se lancer dans la production de cinéma. Il a achevé un scénario intitulé Mourir à Brest, en confie la réalisation à Bernard Farrel et propose les rôles-titres à Lino Ventura et Patrick Dewaere qui en ont accepté le principe mais le film ne se fera pas.

    Côté vie intime, Sotha qui a longtemps repoussé la formalité comme pour le protéger, accepte de divorcer, le 12 novembre 1979. Désormais, il peut s'unir officiellement à Elsa qui est enceinte, le couple étant alors sevré (du moins provisoirement) de la drogue. La petite Lola naît trois semaines plus tard, le 4 décembre 1979.

     

    Lola Dewaere, seconde fille de l'acteur, en 2013

     

    Entre 1979 et 1981, l'acteur enchaîne sans aucune interruption, une dizaine de tournages. En 1980, l'acteur sollicité par Philippe de Broca doit tourner la comédie Psy. Le scénario est adapté d'une bande dessinée signée par Gérard Lauzier. Cet auteur est proche de la bande du Café de la Gare et Dewaere se sent en confiance. De plus, il partage l'affiche avec une tribu de comédiens dont certains vont se révéler au grand public bien plus tard. En plus d'Annie Duperey, Michel Creton et Jean-François Stévenin, il est aux côtés des tous jeunes Jean-Pierre Darroussin, Catherine Frot et Michel Muller. De Broca déclare pour une interview dans la revue Première : « J'avais vu tout ce qu'il avait tourné et je trouvais que c'était un comédien remarquable... ». Entre les prises de vues, Dewaere prend le temps d'écouter Alexandre Mnouchkine, producteur de Psy et d'Adieu poulet.

    Boycott des médias

     

    Brigitte Fossey actrice partage l'affiche avec Dewaere dans Un mauvais fils.

     

    Alors que sa carrière prend de l’ampleur avec plusieurs grands rôles successifs (Coup de tête, Série noire et Un mauvais fils), une affaire privée va néanmoins valoir à Dewaere un véritable boycott de la part de la presse et des médias : il frappe d'un coup de poing Patrice de Nussac, un journaliste du Journal du dimanche qui avait trahi sa promesse – faite en raison de liens d’amitié – de ne pas révéler son prochain mariage avec Elsa. Les journalistes lui font payer cher ce dérapage. Ainsi, le présentateur du 20h d'Antenne 2, Daniel Bilalian s'offusque en direct : « Il s'agit d'un acte qu'on peut considérer comme scandaleux contre notre corporation ». Dès lors, il n’est plus interviewé et la presse omet même son nom dans les articles sur Un mauvais fils, un exemple sans précédent en France. Les producteurs éprouvent quant à eux quelques réticences à l’employer. L'affaire du coup de poing se dénouera « à l'amiable » quelques mois plus tard, de Nussac acceptant 75 000 francs , une forte somme pour l'époque. Pour autant, la justice poursuit l'acteur et il se voit condamné à un an d'emprisonnement avec sursis et 10 000 francs d'amende. Au sujet de la vindicte des médias contre lui, le réalisateur Jean-Jacques Annaud avoue en 2004 que la situation était grave et a profondément affecté Dewaere : « Ce rejet de la presse lui a énormément coûté ».

    Flagrants délires

     

    L'acteur « accusé » au Tribunal des flagrants délires sur France Inter, le 17 octobre 1980

     

    Le 17 octobre 1980, l'acteur participe sur France Inter à l'émission radio quotidienne en direct, Le Tribunal des flagrants délires. Sous forme de procès humoristique, il s'agit de juger l'acteur, en pleine période où il est la cible de la presse et des médias, suite à l'« affaire du coup de poing ». Pour décliner son identité, il déclare : « Patrick Dewaere, 33 ans, l'âge du Christ ». Le procureur joué par Pierre Desproges répond alors, avec ironie : « Ça s'est mal terminé cette histoire. Il n'a pas fait long feu ! ». Pour démontrer sa qualité de comédien, Dewaere déclame de mémoire, quelques vers de Jean Racine, « Le songe d'Athalie ». Il est alors accusé d'usurpation de fonction, car il est supposé avoir pris la place d'Alain Delon (brocardé comme éternel jeune premier), mais aussi « d'incitation à la violence » de par les rôles qu'il a incarnés au cinéma et l'épisode punitif contre le journaliste.

    En réponse, « l'accusé Dewaere » souligne tout d'abord combien, de temps à autres, le retour au Café de la Gare auprès de ses amis lui fait du bien. Il y revient par plaisir et apprécie que « la seule carte d'entrée nécessaire, c'[est] d'être disponible ». Ainsi, avant de tourner Un mauvais fils pour Claude Sautet, il dit y être retourné travailler six mois. De même, durant le tournage en Espagne de Plein sud de Luc Béraud, il passe la frontière le soir pour rejoindre la troupe dans le sud-ouest de la France. Évoquant ses deux déclarations dans la presse au moment des faits qui lui sont reprochés (« Je suis la tolérance personnifiée » et « il y a une vérité par personne, par seconde, par moment »), il avoue à la fois avec ironie et agacement : « C'est brûlant, je suis assez gêné d'en parler. Tout ce que je vais dire peut être retenu contre moi. Je reconnais que j'aurais pas dû taper dessus. J'aurais dû juste... le disputer ! ». Au sujet de la violence qui transpire dans certains de ses films, il répond qu'il faut « se servir de ce qui existe et que le monde est extrêmement violent ». À la question « Avez-vous peur en sortant de chez vous ? », il répond par la négative, fataliste : « Ce qui peut m'arriver, m'arrive et puis c'est tout. Il ne faut pas avoir peur mais vivre complètement dedans ». Et d'ajouter une phrase ambigüe : « Entre le moment où on naît et celui où on va mourir, il se passe des tas de choses. Il ne faut pas redouter de s'abîmer. Moi je crois que plus on s'abîme, plus on est beau. On ressemble à notre époque ».

    Il dénonce ensuite le conformisme, l'aspect primaire et la vulgarité d'un certain cinéma populaire et convenu. Il admet qu'il n'y a pas beaucoup de films français qui l'intéressent durant cette période. En revanche, il souligne combien il a apprécié l'un des derniers films qu'il a vu, L'Ultime Attaque, film de guerre réalisé par Douglas Hickox qui relate la bataille d'Isandhlwana entre l'armée britannique et les Zoulous en 1879.

     

    Gérard Depardieu, alter ego et rival de Patrick Dewaere

     

    Concernant les pratiques de la presse et des médias, il déplore que le moindre propos soit décortiqué et déformé : « Si je dis par exemple : “Non je vois pas beaucoup Gérard Depardieu en ce moment. Chacun a sa vie...”, cela se transforme par le titre “Non, non et non, Depardieu n'est pas mon meilleur copain” ». Même si Depardieu n'en croit pas un mot, Dewaere ajoute : « mais les trois-quarts de la profession qui ne me connaissent pas vont douter. C'est pas comme ça que je travaillerai ». Concernant son état psychologique, il répond avec insistance : « Je suis bien, je suis heureux, je ne vais pas m'emmerder à trouver des trucs ». À la question « Qui auriez-vous aimé être ? », il répond aussitôt : Marlon Brando, selon lui, le meilleur acteur de tous les temps et dont le talent reste actuel. Les comédiens qui l'intéressent sont « ceux qui ont un discours, pas des machines à répéter un texte ».

    Concernant certains rôles qu'il a incarné, Dewaere avoue préférer les personnages avec lesquels le public s'identifie : « Moi, quand je fais un personnage, c'est que je l'aime bien, je le trouve sympa et le public me trouve alors sympa aussi ». Concernant le film Adieu poulet, il ajoute que jouer un flic sympa lui pose problème. Il évoque aussi son envie d'interpréter des rôles de cape et d'épée, de jouer dans des films comme L'Ultime Attaque, ce qu'il avoue apprécier le plus. Mais selon lui, le cinéma français des années 1980 n'a pas les moyens de ce genre de productions. Il précise : « Tourner d'Artagnan aujourd'hui, revient à dépenser 3 milliards de francs ». Il ajoute que les producteurs qui investiraient cette somme veulent des garanties pour la récupérer lors de l'exploitation du film, ce qui les pousse à investir dans des valeurs qu'ils croient sûres pour faire venir le public.

    Surprenant ses accusateurs, il prend la défense de l'omniprésent Alain Delon qui selon lui, avant d'avoir réussi à atteindre le sommet de la popularité, a eu des envies, des rêves. Il ajoute que « cela a un impact sur une personne ». Et Dewaere imagine alors un monde idéal où son talent serait enfin reconnu : « Moi, peut être que la réussite va m'amener à penser que le monde n'est pas si pourri ». À la fin de l'émission, son confrère et ami Patrick Bouchitey intervient au titre du témoin en faveur de l'accusé. Il témoigne que Patrick Dewaere est « tout sauf violent. Il est sensible et avec beaucoup d'humour. Les gens ne savent pas combien il est courtois ». Bouchitey évoque aussi sa passion pour la musique en précisant qu'elle « n'est pas agressive ». Dewaere confirme alors : « Je serais plutôt blues ». L'émission s'achève sur une chanson de Michel Polnareff que Dewaere interprète avec la troupe et le public, La Poupée qui fait non.

    Derniers rôles

    Après son passage à vide, Dewaere retrouve Luc Béraud pour leur projet maintes fois différé : Plein sud. La distribution du film est prestigieuse (Jeanne Moreau, Pierre Dux ou encore Guy Marchand) mais l'actrice principale Clio Goldsmith ne s'investit que très superficiellement sur le tournage, ce qui fait enrager le perfectionniste Dewaere. Lors d'une interview par Michel Drucker sur TF1, le 29 avril 1981 Dewaere dévoile sa perception du rôle à travers une métaphore : un âne avance seul, sur une route toute droite. On lui présente une carotte et il quitte alors la voie tracée pour « partir dans les chemins rocailleux ». Il précise : « L'âne c'est moi et la carotte, c'est Clio Goldsmith et la montagne, c'est l'aventure », une dérive qu'il apparente à de la délinquance. Dewaere évoque l'importance du courage pour franchir ce type d'obstacles vers la liberté. Il donne son point de vue tout personnel en écho avec son existence à cette période. Il précise que comme acteur, il bénéficie d'un certain succès mais prendre la décision de tout abandonner « tout ce qu'il a vécu jusque là et tout ce qui lui reste à vivre » pour une passion amoureuse relève d'un véritable courage. Il avoue : « Heureusement que je suis acteur. Comme ça, je peux vivre à travers les films », ajoutant aussitôt avec ironie : « C'est pas cher ! ». À la pertinente question « Est-ce qu'on en sort intact, de tous ces rôles ? », il confirme que par exemple, d'avoir joué des actes de meurtre sont des éléments qui restent en lui. Pour lui, une très faible différence existe entre la vie et son implication dans un rôle. Il résume alors : « Oui, ça doit taper un petit peu le mental ».

     

    File:Biarritz 03.jpg

    La plage de Biarritz hors saison, lieu du tournage d'Hôtel des Amériques d'André Téchiné.

     

    Dans Hôtel des Amériques d'André Téchiné en 1981, il interprète une nouvelle fois le rôle d'un homme marginal et paumé, dans une histoire d'amour sans issue et avec le suicide en toile de fond. À l'origine intitulé Mexico Bar, le film doit se tourner sous le soleil de Tunisie mais faute de budget et de temps, la production se rabat sur Biarritz à la morte saison. Le réalisateur se souvient d'un aveu de l'acteur, au cours du tournage : « Je suis à poil dans ce film, comme le personnage ! Et c'est comme ça qu'il faut être ! ». Téchiné reconnaît être profondément marqué a posteriori par le fait d'avoir écrit un tel rôle destructeur et suicidaire pour Dewaere : « Je l'ai poussé dans un abîme à travers ce film et ce personnage qui correspondaient sans doute à ses propres démons ». Catherine Deneuve (avec laquelle il avait participé enfant à des séances de doublages quand elle s'appelait encore Dorléac) estime quant à elle qu'il ne joue pas, mais qu'il vit réellement les rôles qu'il incarne ajoutant : « C'est l'un des rares acteurs qui m'aient vraiment fait pleurer ». Pourtant, l'actrice et Dewaere ne connaissent pas de véritable osmose durant le tournage, la présence permanente d'Elsa (et de la drogue), isolant ce dernier de l'équipe. L'acteur se sent lui-même en décalage et il n'en tire pas un souvenir professionnel enrichissant.

    Le 5 décembre 1981, Pierre Bouteiller reçoit à nouveau Dewaere sur France Inter dans le cadre du journal d’Inter Actualités, à l'occasion de la sortie d'Hôtel des Amériques. Au sujet du film d'André Téchiné, Dewaere avoue s'en être remis pour la première fois de sa carrière totalement au réalisateur : « C'est la première fois que je me sens autant à poil dans un film [...] On raconte la seule chose qui nous reste encore aujourd'hui, c'est-à-dire l'amour... Et il ne peut être que passionnel ». Concernant l'approche intellectuelle ou politique de son travail, il déclare : « Je crois que le cinéma n'est pas révolutionnaire ». Selon lui, le 7e art se développe alors en écho avec les préoccupations et le ressenti du public. Pierre Bouteiller lui demande s'il aimerait passer derrière la caméra et réaliser lui-même un film. Dewaere répond aussitôt qu'il en a toujours eu envie. Selon lui, le metteur en scène se sert de ses propres motivations ou désirs. Il en mesure la valeur : « Ça doit être un grand pied ! On doit se sentir très efficace sur un tournage ». Bouteiller évoque ensuite la posture contradictoire de « star / anti-star » que représente Dewaere et lui demande s'il ne se sent pas enfermé dans cette unique fonction de comédien pour de longues années. Deware répond qu'il ignore ce que le futur va lui donner. Et de préciser que l'unique motivation qui le propulserait réalisateur, consisterait à écrire un scénario. Modestement, il ajoute : « Mais je ne peut pas me déclarer metteur en scène comme ça... [...] Je n'ai pas encore assez envie ». Pour l'instant, il se dit « excommunié », « militant de rien » et n'a pas encore trouvé d'histoire à défendre. Bouteiller l'interroge alors sur ses rapports difficile avec les médias notamment en raison de l'accrochage l'année passée avec un journaliste. Dewaere répond aussitôt : « Ce n'est pas la presse qui a eu des rapports difficiles avec moi... C'est un mec ». Bouteiller insiste, en soulignant qu'il s'agit de fait, d'un journaliste. Ironique, l'acteur réagit : « Oh, mais ce n'est pas de sa faute, le pauvre, s'il était journaliste ! ». Sur l'impact négatif que ce pénible épisode a engendré, Dewaere persiste et signe : « Si c'était à refaire, je ferai exactement la même chose » car pour lui, l'objectif est atteint désormais : « Les journalistes ont un rapport beaucoup plus sain » [avec lui]. Pour Dewaere, ce rapport doit consister en un échange à l'amiable entre l'acteur qui doit parler au public de ses films et le journaliste, qui doit relayer l'information. Cet accord tacite doit être respecté : « Moi, je ne suis pas vengé avec juste la justice et un million d'amende... C'est très violent ce qui m'est arrivé; j'ai réagi avec violence ». Selon lui, pour un acteur il est essentiel de rester le plus discret possible sur sa vie privée afin que ses personnages soient le plus crédible auprès du public. Il revendique - ce qui n'est alors pas l'usage - le droit d'être seulement un acteur et ne pas « donner sa vie privée en échange ».

    Le rôle décisif suivant va être celui de Beau-père dont le sujet est à la fois très controversé et dangereux pour son image publique : un trentenaire se voit séduit par une très jeune adolescente, la fille de son ex-compagne qui vient de décéder dans un accident de voiture. La photo évocatrice de l'affiche et le fait que dans le film, le réalisateur Bertrand Blier ne porte aucun jugement moral sur les protagonistes, déclenche de violentes critiques d'autant plus que le long-métrage ne reçoit pas le succès escompté. Et une nouvelle déception professionnelle est en passe d'affecter l'acteur qui a tant soif de reconnaissance de ses pairs.

    Le 27 février 1982, lors de la 7e cérémonie des César, Dewaere n'est pas récompensé pour son rôle dans Beau-père qui s'est pourtant énormément investi dans son rôle. Nommé pour la sixième fois depuis 1976, il ne reçoit une nouvelle fois aucun César. Après la soirée, il passe un moment avec son alter ego et adversaire Gérard Depardieu au Fouquet's pour boire un verre avec celui qui a été récompensé l'année précédente pour Le Dernier Métro. Plus tard, Jean-Jacques Annaud qui a réalisé l'année précédente Coup de tête et qui vient de recevoir un César pour La Guerre du feu, retrouve Dewaere qui s'effondre en sanglots dans ses bras. Le réalisateur explique que l'acteur est alors à la fois sincèrement heureux qu'Annaud ait obtenu un César mais en même temps, profondément triste de ne pas en avoir obtenu un, pour son rôle dans Beau-père. Bouleversé, Jean-Jacques Annaud dévoile que même pour le rôle pourtant positif du personnage de Coup de tête, le personnage est interprété par Dewaere avec une dose de détresse dans le jeu, le regard et les gestes.

    Henri Verneuil parvient pourtant à l'imposer pour une grande production à visée populaire, Mille milliards de dollars, même si quelques réticences des médias lors de la promotion du film susbistent à sa sortie. Ainsi, bien qu'il tienne le premier rôle de ce film, sur une interview qui dure plus de 9 minutes avec une partie de l'équipe du film, on ne le laisse s'exprimer que quelques secondes à l'antenne du 13h de TF1, interrogé par Yves Mourousi, le 21 août 1981. Il parvient toutefois à préciser avec ironie, au sujet du personnage qu'il interprète et qui est lui-même, un journaliste : « Je suis accusé à tort, d'un très grand scandale », ce qui fait écho au boycott médiatique dont l'acteur a fait l'objet.

    Pourtant, Didier Haudepin parvient non sans mal à monter son film Paco l'infaillible. Dewaere part pour l'Espagne avec Elsa mais les démons de la drogue sont toujours présents et un soir, Haudepin retrouve l'acteur enfermé dans sa chambre. En pleine crise, il a brisé une table en verre et un gros éclat s'est planté dans son artère fémorale. Après 48 heures d'hospitalisation dans une clinique privée de Madrid, l'acteur assume son rôle sans sourciller.

    Dewaere est sollicité à cette époque par Serge Gainsbourg pour interpréter le rôle principal de son long-métrage Équateur dont le tournage doit se dérouler au Gabon. Dans une interview donnée en 1989, Gainsbourg révèle qu'il avait déjà pensé précédemment à lui pour un long-métrage devant réunir Isabelle Adjani, Jane Birkin et Dewaere et dont le titre aurait été Call-girl, mais qui n'avait pas vu le jour. À la même période, le réalisateur Jean Becker envisage un temps de recruter Patrick Dewaere pour son film L'Été meurtrier, toujours avec Isabelle Adjani mais ce sera au final Alain Souchon qui incarnera le personnage masculin principal. Également prévu la même année, le film intitulé « Ticket d'acier » écrit par Bertrand Blier dont il confie la réalisation de ce qui doit être son premier long-métrage à Denys Granier-Deferre, lequel a été son assistant sur Buffet froid et Beau-père est prévu pour novembre 1982. À l'affiche il doit retrouver, Annie Girardot qui incarne une femme séduisante dans la plénitude de son âge. Il va retrouver l'actrice qui a déjà partagé plusieurs films avec lui, dont La Clé sur la porte et Le Grand embouteillage.

    Pour ce qui deviendra son ultime film, Paradis pour tous, Patrick Dewaere interprète le rôle d'un homme en perdition et à bout de forces qui se suicide en se jetant du haut de l'immeuble où il travaillait. Échappant miraculeusement à la mort, le cerveau du personnage est « flashé » grâce à un procédé médical révolutionnaire afin d'en éliminer toute pensée ou sentiment négatif pour mieux se réintégrer dans la société moderne. Ironie du sort, Dewaere retrouve une seconde fois à l'écran, son ami et compagnon d'ivresse Philippe Léotard après Le Juge Fayard dit Le Shérif. Si Léotard arrive épuisé chaque matin par ses excès nocturnes, Dewaere qui s'est mis intensément au sport pour se préparer physiquement à son prochain film, Édith et Marcel, dans lequel il interprète le boxeur Marcel Cerdan, lui avoue avec un ton ironique : « Dans un an, tu auras tous mes rôles… Je serai mort ».

    Claude Lelouch avait remarqué Dewaere pour ses talents de boxeur dès 1974, lors d'un combat-exhibition où il avait fait match nul contre un boxeur émérite et avait retenu son nom, ayant déjà en tête le projet d'un film sur la liaison entre Édith Piaf et Marcel Cerdan. Les séances d'entraînement de Dewaere pour entrer dans le rôle sont intenses comme en témoigne l'acteur Charles Gérard, car « en quelques jours, il a perdu 5 kilos ». À cette période, comme le révèle Jean-Michel Folon, la personnalité de Patrick Dewaere change aussi. Il est amaigri, il a perdu le sourire, il doute et a tendance à rechercher l'affection et l'écoute de quelques amis, ce que confirmera également Bertrand Blier : « Je me souviendrai toujours de Patrick debout sur mon paillasson. Il n'en bougeait plus. Moi, je lui disais : « Mais si tu veux, reste ! - Non je vais aller dormir, mais je n'arrive pas à me décoller du paillasson.... Et il restait là, c'est la dernière fois que je l'ai vu, le 15 juillet au soir. Et le lendemain… »

    Ultime interview

    En 1982, Elsa le quitte pour s'installer avec Coluche en Guadeloupe. Son amie et ex-épouse Sotha, qui se prépare à partir en vacances, lui ouvre sa porte pour recueillir ses états d'âme. Alors qu'elle lui annonce qu'elle attend elle aussi un enfant, il lui répond qu'il va se suicider, soulignant sa fatigue, ses ennuis d'argent et de drogue... S'engage alors un long dialogue à l'issue duquel Sotha parvient à le raisonner, notamment en lui parlant de ses deux filles, Angèle et Lola.

     

    La maison de l'acteur (Paris 14e, où il s'est donné la mort en 1982.

     

    Le 13 juillet 1982, sa maison est cambriolée et de nombreux souvenirs personnels disparaissent dont de précieuses photos d'enfance et des vidéos familiales. Le même jour, pour ce qui sera sa toute dernière interview de télévision, Dewaere se livre au journaliste québecquois Michel Jasmin. Il le reçoit à son domicile, dans sa maison du 25, impasse du Moulin-Vert dans le 14e arrondissement de Paris, qu'il habite depuis 1980. Il raconte comment il a eu un coup de cœur pour cette maison avec un jardin, loin du bruit des voitures mais pourtant située en plein Paris. « C'est la campagne, c'est un endroit complètement rêvé ». Et de souligner combien l'acquisition a été coûteuse pour lui, car il a été dans l'incapacité de masquer son envie de l'acheter. Il dévoile ainsi que dans la vie, il éprouve quelques difficultés à jouer la comédie et à être hypocrite, notamment pour négocier. Du fait que son métier consiste à mentir, quand il s'arrête de travailler, il se refuse à exploiter cette méthode.

    Concernant son court séjour au Québec pour présenter Coup de tête, il déclare combien il a apprécié les relations franches des habitants de « la belle province », par opposition à celles qu'il observe alors à Paris, qu'il juge plutôt faussement intello et cartésianiste. Durant la période où il a écrit des paroles de chansons, Dewaere a imaginé les faire adapter par un ami québecquois, pour les sublimer. Pour la première fois lors d'une interview, il dévoile les méandres de son identité qu'il qualifie « de souche bretonne », son véritable père « ténor de métier », son enfance en compétition parmi les autres « petits Maurin ». Au passage, il relate avec sarcasme, comment sa mère Mado Maurin fournissait à la demande aux producteurs ou metteurs en scène, un ou plusieurs de ses six enfants, selon leur âge. Il déclare, plus sérieux : « Et c'est ainsi que nous sommes tous devenus acteurs ». Il pousuit concernant sa décision de quitter la « tribu Maurin » : « C'est très difficile de passer d'enfant-acteur à acteur ». Il dévoile également comment il choisit le patronyme « Dewaere » de son arrière grand-mère maternelle, dont il précise qu'il a remplacé par erreur, le v d'origine par un w. Patrick Dewaere raconte comment il tente d'entrer ensuite au Conservatoire, étant refusé, deux années de suite. Il passe alors une nouvelle année dans un cours d'art dramatique où on lui apprend « comment jouer du théâtre classique », dans une posture qu'il estime, depuis, « artificielle et décalée ». Quelque peu découragé, il décide de devenir réalisateur et metteur en scène et commence par passer son permis de conduire, indispensable pour être assistant (étape incontournable pour devenir réalisateur). La période est alors troublée par les événements de mai 1968 et il rencontre quelques membres de la future troupe du Café de la Gare qu'il va co-fonder et contribuer à construire au sens propre comme au figuré. Dewaere dévoile comment il doit alors désapprendre tout ce qui lui a été enseigné au théâtre classique, à la télévision et dans les films formatés dans lesquels il a joué jusqu'alors. « Ça a été très dur », avoue-t-il, mais il en apprécie aussitôt le lien direct et privilégié avec le public. Écrire ses textes, concevoir, créer et monter les décors, les costumes, représente pour lui, « une expérience formidable », une expérimentation pure, un véritable « fantasme d'acteur ». Il apprend à établir un rapport qu'il définit comme « sain » avec le public, sans intermédiaire. « C'est là qu'on pourrait dire, que je me suis trouvé ! » explique-t-il. Le succès du Café de la Gare permet alors d'attirer les décideurs du cinéma. Il constate dès lors que grâce à cette modeste scène, le rapport avec la profession s'inverse ; le demandeur d'emploi devenant alors « offreur » de sa prestation. Dewaere évoque ensuite le film Themroc tourné avec la troupe, puis Les Valseuses. Il précise qu'il était persuadé du succès du film et combien, à l'évidence, il s'était projeté dans ce rôle. Il souligne la chance qu'il a eu de décrocher le rôle. Concernant la qualité de certains de ses autres films, Dewaere marque un silence, sourit puis répond qu'il revendique chacun des films qu'il a tourné. Pour parfaire son métier, il dévoile qu'il apprécie particulièrement assister aux projections en salle de cinéma ; il précise que dès la préparation du tournage, il travaille son jeu avant de faire la scène, en imaginant les réactions du public, à l'instar des méthodes qu'il a apprises au café-théâtre.

    Pour incarner le boxeur Marcel Cerdan dans Édith et Marcel dont le tournage est prévu dans moins de deux semaines, il reconnait que son entrainement est très pénible. Il a dû maigrir de 4 kilos en une semaine pour atteindre les 72 kg. Parlant du scénario, Dewaere insiste sur l'aspect mystique et l'importance de Dieu pour les deux personnages principaux. Au sujet de la succession ininterrompue de tournages et de sa saturation possible, Dewaere répond : « Moi, dès que je ne tourne pas, je suis chez moi, je tourne en rond, je contemple mes doigts de pieds... Je m'ennuie ». Il confirme au journaliste qu'il « ne rentre chez lui que pour dormir ». Concernant la longévité de sa carrière, il répond à travers un rire un peu figé qu'il aimerait bien. Il précise que depuis 1980, il a cessé de monter sur les planches et combien ça lui manque. Il souligne l'importance du théâtre pour son métier afin de rester en lien direct avec le public. Il considère que c'est un véritable carburant : « faut qu'on aille se remplir de super » et qu'il n'existe aucune autre solution. Il dévoile que dès le tournage de Claude Lelouch achevé, il recommencera à retrouver les planches, à Paris. Concernant la cellule familiale qu'il a lui-même constitué, Dewaere déclare que pour lui, « c'est énorme ! ». Il parle de ses deux filles qui ont alors respectivement sept ans (Angèle) et deux ans et demi (Lola). Concernant sa notoriété et la part de vérité due au public par les vedettes, il estime qu'il convient de ne pas être artificiel, de ne pas sur-valoriser la vie des célébrités et de dédramatiser l'image de « star de cinéma ». Pour lui, son métier impose de rester en lien avec le réel, l'existence de ses contemporains. Il reconnaît qu'il ne dévoile pas tous ses jardins secrets aux médias, qu'il « se renferme », protégeant l'intimité des siens, pour éviter que sa femme et ses enfants « deviennent des objets publics ». Pourtant, même s'il reconnaît que ses filles sont encore trop petites, il respecte leur futur choix éventuel par rapport à cette image publique. Il ajoute que son épouse est cependant « trop timide » puis il éclate de rire, en ajoutant « moi, je respecte ! ».

    Suicide

     

    File:DecesDewaere.jpg

    Acte officiel de décès de Patrick Dewaere né Bourdeaux.

     

    Le matin du 16 juillet 1982, Dewaere participe à des essais d'Édith et Marcel tournés en vidéo légère par Claude Lelouch au bois de Boulogne. Il retrouve Évelyne Bouix qui joue le rôle d'Édith Piaf. Un événement étrange est alors relaté par l'actrice. Alors qu'ils sont en barque au milieu d'un petit lac pour une séance photo, l'actrice se rend compte que parmi les rares visiteurs du bois, quelqu'un utilise un petit miroir pour jouer avec le reflet du soleil sur leur visage. Déstabilisé, Dewaere dit à sa partenaire qu'il « ne faut pas faire cela parce que cela porte malheur » et il répète cette phrase sans arrêt à Évelyne Bouix. Lors de ces séances préparatoires, Dewaere exécute ce que demande Lelouch et ceux qui relatent plus tard ces instants déclarent que son visage affiche un étrange sourire. Après ces quelques prises de vues, l'acteur déjeune avec le metteur en scène. Claude Lelouch se souvient qu'au cours du repas, Dewaere s'isole quelques minutes pour téléphoner. Après le repas, il est conduit en voiture par l'acteur Charles Gérard qui doit l'accompagner jusqu'à la salle d'entraînement de boxe. Mais Patrick Dewaere lui annonce qu'il veut repasser chez lui d'abord. Il se rend donc à son domicile; il est alors environ 15 heures. Peu après, il met subitement fin à ses jours dans sa maison de l'impasse du Moulin-Vert en se tirant une balle dans la bouche devant le miroir de sa chambre avec une carabine 22 Long Rifle offerte par Coluche, sans laisser de mot d’explication mais après un appel téléphonique entre midi et 14h qui, selon les témoins parmi lesquels Claude Lelouch avec lequel il a déjeuné, l’aurait bouleversé. Selon sa fille Lola, le même jour, son père désespéré aurait vainement tenté de joindre son fournisseur de drogue.

    Selon Mado Maurin, le coup de téléphone émanerait d’Elsa, laquelle lui aurait annoncé qu’il « ne reverrait plus jamais sa fille ». Pour Yves Boisset, qui le rencontre huit jours avant son suicide, l'acteur subissait aussi une accumulation de problèmes : « histoires d'impôts, dettes énormes, ennuis de santé et certains aspects de sa vie privée qui lui étaient devenus insupportables ». Le réalisateur dévoile que durant quatre années après le suicide de Dewaere, Miou-Miou est restée profondément meurtrie par le geste de « l'homme de sa vie », passant deux nuits d'anniversaire de la date de sa mort avec l'actrice « sanglotant dans mes bras ».

    Mado Maurin reconnaît qu'elle partage une part de responsabilité sur les souffrances de son fils avec le compagnon qui l'a quittée et le père qui ne l'a jamais reconnu : « Pauvre petit enfant, il te faut pardonner à ce père qui t'a tué avant de te faire vivre. Par sa faute et par la mienne aussi, tu allais porter comme une blessure, tout au long de ta courte vie, le poids de cette carence… qui, peut-être, te fera mourir ». En 2007, dans le documentaire Patrick Dewaere, le dernier jour diffusé sur France 2, sa fille confirme elle-même que l'ultime conversation téléphonique entre ses deux parents aura été « un élément déclenchant » de son suicide.

     

    Saint-Pierre-de-Montrouge où sont célébrées ses obsèques, le 23 juillet 1982.

     

    Ses obsèques sont célébrées à l'église Saint-Pierre-de-Montrouge (Paris 15e), le vendredi 23 juillet 1982, en présence entre autres de Mado Maurin et Miou-Miou. Ses quatre frères portent son cercueil. Son ami Coluche rentré en urgence de Guadeloupe refuse de s'y rendre, « pour ne pas transformer cette cérémonie en foire »; quatre ans plus tard, cette même église célèbrera les propres obsèques de l'humoriste.

    Patrick Dewaere est inhumé au cimetière de Saint-Lambert-du-Lattay (Maine-et-Loire), dans le caveau de sa belle-famille.

    Théâtre

    Sous le nom de Patrick Maurin

    • 1950 : Primerose de Robert de Flers, théâtre de Chaillot
    • 1952 : Une maison de poupée d’Henrik Ibsen, Comédie Caumartin
    • 1953 : L’homme qui a perdu son ombre d’Adelbert von Chamisso, théâtre des Mathurins
    • 1955 : Procès de famille de Diego Fabbri, mise en scène José Quaglio, théâtre de l'Œuvre
    • 1956 : Misère et Noblesse d'Eduardo Scarpetta, mise en scène Jacques Fabbri, théâtre de l'Alliance française
    • 1958 : Jimmy Boy et Davy Crocket de Joseph Bouglione, Cirque d'Hiver
    • 1959 : Le Vélo devant la porte d'après la pièce The Desperate Hours de Joseph Hayes, mise en scène Jean-Pierre Grenier, théâtre Marigny
    • 1959 : Mon père avait raison de Sacha Guitry, mise en scène André Roussin, théâtre de la Madeleine
    • 1961 : L'Auberge du Cheval-Blanc de Ralph Benatzky, théâtre du Châtelet
    • 1962 : De doux dingues de Michel André, théâtre Édouard VII
    • 1962 : L'Arlésienne (Bizet) d’après Alphonse Daudet et Georges Bizet, Olympia (Paris) et Opéra de Marseille
    • 1963 : Fils de personne d’Henry de Montherlant, théâtre des Mathurins
    • 1963 : La Ville dont le prince est un enfant d’Henry de Montherlant, théâtre des Mathurins
    • 1964 : Le Marchand de cercueils, Les Yeux de dix-huit ans, Césaire ou la puissance de l'esprit de Jean Schlumberger, mise en scène Jean-Paul Cisife, théâtre des Mathurins
    • 1965 : Les Filles de Jean Marsan, mise en scène Jean Le Poulain, théâtre Édouard VII

    Sous le nom de Patrick Dewaere

    • 1968 : Ma déchirure de Jean-Pierre Chabrol, mise en scène Gabriel Garran, théâtre de la Commune
    • 1969 : Des boulons dans mon yaourt (collectif), Café de la Gare
    • 1969 : Jaune devant, marron derrière (collectif), Café de la Gare
    • 1970 : Les Semelles de la nuit (collectif), Café de la Gare
    • 1970 : Et à la fin était le bang de René de Obaldia, mise en scène Michel de Ré, Festival de Vaison-la-Romaine
    • 1971 : Le Soir des diplomates de et mise en scène Romain Bouteille, Poche Montparnasse
    • 1977 : Pitoyable mascarade (collectif), Café de la Gare
    • 1980 : Roderick, les trois lois de la robotique (collectif), Café de la Gare

    Filmographie

    Cinéma Sous le nom de Patrick Maurin

    • 1951 : Monsieur Fabre d’Henri Diamant-Berger : Émile (non crédité au générique)
    • 1955 : La Madelon de Jean Boyer : un enfant du village
    • 1956 : En effeuillant la marguerite de Marc Allégret : un frère d'Agnès (non crédité au générique)
    • 1956 : Je reviendrai à Kandara de Victor Vicas : le petit garçon
    • 1957 : La Route joyeuse de Gene Kelly : un des enfants de la famille nombreuse
    • 1957 : Les Espions d’Henri-Georges Clouzot : le petit Moinet
    • 1958 : Mimi Pinson de Robert Darène : le jeune frère de Mimi
    • 1966 : Paris brûle-t-il ? de René Clément : un jeune résistant (non crédité au générique)

    Sous le nom de Patrick Dewaere

    • 1971 : La Maison sous les arbres de René Clément : le jeune homme à l’écharpe jaune (non crédité au générique)
    • 1971 : La Vie sentimentale de Georges le tueur, court métrage de Daniel Berger
    • 1971 : Les Mariés de l'an II de Jean-Paul Rappeneau : un volontaire
    • 1972 : Belle, court métrage de Yuri German
    • 1973 : Themroc de Claude Faraldo : le maçon
    • 1974 : Les Valseuses de Bertrand Blier : Pierrot
    • 1975 : Lily aime-moi de Maurice Dugowson : Gaston, le boxeur dit « Johnny Cask »
    • 1975 : Catherine et Compagnie de Michel Boisrond : François
    • 1975 : Au long de rivière Fango de Sotha : Sébastien
    • 1975 : Gliscom Butrew, court métrage de Sotha : Bleed
    • 1975 : Pas de problème ! de Georges Lautner : le barman
    • 1975 : Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre : Lefèvre
    • 1976 : La Meilleure Façon de marcher de Claude Miller : Marc
    • 1976 : La Marche triomphale de Marco Bellocchio : le lieutenant Baio
    • 1976 : F... comme Fairbanks de Maurice Dugowson : André Fragman dit « Fairbanks »
    • 1977 : Le Juge Fayard dit Le Shérif d'Yves Boisset : le juge Fayard
    • 1977 : La Chambre de l'évêque de Dino Risi : Marco Maffei
    • 1978 : La Clé sur la porte d'Yves Boisset : Philippe
    • 1978 : Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier : Stéphane
    • 1979 : Le Grand Embouteillage de Luigi Comencini : l’homme aux monologues
    • 1979 : Coup de tête de Jean-Jacques Annaud : François Perrin
    • 1979 : Série noire d’Alain Corneau : Franck Poupart
    • 1980 : Un mauvais fils de Claude Sautet : Bruno Calgagni
    • 1980 : Psy de Philippe de Broca : Marc
    • 1981 : Plein sud de Luc Béraud : Serge Laine
    • 1981 : Les matous sont romantiques de Sotha : le voisin
    • 1981 : Hôtel des Amériques d'André Téchiné : Gilles Tisserand
    • 1981 : Beau-père de Bertrand Blier : Rémi
    • 1982 : Mille milliards de dollars d’Henri Verneuil : Paul Kerjean
    • 1982 : Paco l’infaillible de Didier Haudepin : Pocapena
    • 1982 : Paradis pour tous d’Alain Jessua : Alain Durieux

    Principaux projets engagés avant sa mort

    • 1983 : Édith et Marcel de Claude Lelouch : Marcel Cerdan (rôle repris par Marcel Cerdan Jr)
    • 1983 : La Femme de mon pote de Bertrand Blier : Pascal (rôle repris par Thierry Lhermitte)
    • 1983 : Le Prix du danger d'Yves Boisset : François Jacquemard (rôle repris par Gérard Lanvin)
    • 1983 : Équateur de Serge Gainsbourg : Timar (rôle repris par Francis Huster)
    • 1986 : Tenue de soirée de Bertrand Blier : Antoine (rôle repris par Michel Blanc)

    Télévision

    Sous le nom de Patrick Maurin

    • 1954 : Maison de poupée, téléfilm : Un enfant
    • 1958 : Misère et Noblesse de Marcel Bluwal d'après Eduardo Scarpetta : Pepeniello
    • 1961 : La Déesse d'or, téléfilm de Robert Guez : Alain
    • 1964 : L’Abonné de la ligne U, série de Yannick Andréi : le groom Jacques
    • 1965 : Marie Curie (2e partie : « Le radium »), téléfilm de Pierre Badel : un jeune étudiant

    Sous le nom de Patrick Dewaere

    • 1964 : Les Hauts de Hurlevent, téléfilm de Jean-Paul Carrère : Heathcliff jeune
    • 1965 : Vive la vie de Joseph Drimal : Laurent
    • 1967 : Jean de la Tour Miracle, téléfilm de Jean-Paul Carrère : Jean
    • 1971 : Si j'étais vous, téléfilm d'Ange Casta : Camille

    Radio

    Sous le nom de Patrick Maurin

    • 1954 : Une maison de poupée de Claude Loursais, d’après Henrik Ibsen : un enfant (RTF).
    • 1959 : Tous ceux qui tombent de Samuel Beckett (RTF)

    Voxographie

    • 1967 : Le Lauréat de Mike Nichols : Benjamin Braddock (Dustin Hoffman)
    • 1969 : Macadam Cowboy de John Schlesinger : Joe Buck (Jon Voight)
    • 1971 : Marie Stuart, reine d'Écosse de Charles Jarrot : lord Henry Darnley (Timothy Dalton)
    • 1972 : Le Flingueur de Michael Winner : Steve McKenna (Jan-Michael Vincent)
    • 1973 : La dialectique peut-elle casser des briques ? de René Vienet (commentaire)

    Musique

    • 1971 : compose et chante en duo avec Françoise Hardy, T’es pas poli (paroles de Sotha)
    • 1976 : signe la musique du film F… comme Fairbanks (une composition qu'il improvise au piano et sélectionnée par le réalisateur)
    • 1978 : compose et enregistre deux titres sortis en 45 tours et produits par Yves Simon (artiste) : L’Autre (paroles de Sotha) et Le Policier (paroles de Patrick Dewaere)
    • 2006 : huit chansons inédites composées et interprétées par l'acteur sont éditées sur un CD accompagnant la biographie écrite par sa mère

    Distinctions

     

    Le double prix Schneider-Dewaere récompense les espoirs féminins et masculins du cinéma français

     

    En 1975, Dewaere reçoit l'Étoile de cristal du meilleur acteur, ex-aequo avec Patrick Bouchitey pour La Meilleure Façon de marcher. Cette « moitié de trophée » est l'unique récompense que la profession lui décernera.

    Entre 1976 et 1982, l’Académie des arts et techniques du cinéma français nommera 6 fois l’acteur sans jamais lui attribuer un seul César du cinéma :

    • 1976 : César du meilleur acteur dans un second rôle pour Adieu poulet
    • 1977 : César du meilleur acteur pour La Meilleure Façon de marcher
    • 1978 : César du meilleur acteur pour Le Juge Fayard dit Le Shériff
    • 1980 : César du meilleur acteur pour Série noire
    • 1981 : César du meilleur acteur pour Un mauvais fils
    • 1982 : César du meilleur acteur pour Beau-père

    Le 9 avril 1979, l'Oscar du meilleur film étranger est attribué à Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier, en raison notamment de l'interprétation de son couple vedette Dewaere-Depardieu. Le film connaît un succès d'estime à l'étranger mais n'attire qu'un 1,3 million de spectateurs en France.

    En 2008, le prix Patrick-Dewaere, destiné à récompenser les acteurs espoirs du cinéma français est créé en remplacement du prix Jean-Gabin.

    Hommages

    Émissions, documentaires et films

    • Marc Esposito, Patrick Dewaere, long-métrage, 1992.

    Film documentaire réalisé par Marc Esposito, journaliste à Première, à l’occasion du 10e anniversaire de la disparition de l’acteur, consistant en une collection de témoignages de certains de ses proches : Bertrand Blier, Alain Corneau, Miou-Miou, Claude Sautet, Sotha, etc.

    • Alexandre Moix, Patrick Dewaere, l’enfant du siècle, France 2, 2003.

    Documentaire de 52 minutes, assemblant des documents rares et inédits, notamment la dernière interview filmée de l’acteur, trois jours avant son suicide, avec les commentaires drôles et émouvants d’Yves Boisset, Vincent Cassel, Jean-Paul Rouve, Jean-Jacques Annaud, Sotha, Serge Rousseau (son agent), Lola Dewaere (sa deuxième fille), Ariel Besse, Bertrand Blier, Alain Jessua et Jean-Marc Loubier (son biographe).

    • Philippe Labro, Légende : Patrick Dewaere, l’écorché vif, France 3, 2005.
    • Michel Gondry, La Science des rêves, long-métrage, 2006.

    Long-métrage contenant une séquence où le héros interprété par Gael Garcia Bernal se métamorphose en Patrick Dewaere  et rejoue plusieurs scènes majeures du film Série noire (film, 1979). Le titre de la bande musicale originale accompagnant cette séquence s'intitule Rêve Patrick Dewaere.

    • Bertrand Tessier, Patrick Dewaere, le dernier jour, France 2, 2007.

    Parallèlement à la sortie de son livre-album Patrick Dewaere, la douleur de vivre (Albin Michel), Bertrand Tessier réalise Patrick Dewaere, le dernier jour, diffusé sur France 2 dans l’émission de Laurent Delahousse Un jour, une heure. Ce documentaire retrace les dernières heures de Patrick Dewaere avec des images de Claude Lelouch tournées le matin même de sa mort et les témoignages de proches Bertrand Blier, Yves Boisset, Claude Lelouch, Mado Maurin, Jean-François Vlérick, Sotha et Jean-Marc Loubier, son biographe. Divers

    • 1982 : Ami de Dewaere, Murray Head signe la chanson Shades of the prison house dans l'album Shades et qui sera reprise comme bande originale du film Patrick Dewaere, réalisé par Marc Esposito en 1992
    • 1983 : Louis Chedid évoque le souvenir de l'acteur dans sa chanson Les absents ont toujours tort. La même année, Catherine Lara lui rend également hommage, avec le titre T'es pas drôle.
    • En septembre 1995, une unité de soins pour jeunes adultes suicidaires prend son nom, au Centre hospitalier spécialisé de Lierneux (Belgique).
    • 1996 : dans la chanson Nirvana de l'album Premières Consultations, Doc Gynéco écrit : « J’vais me foutre en l’air comme Patrick Dewaere »
    • 2002 : Renaud évoque Dewaere dans sa chanson Mon bistrot préféré sur l’album Boucan d’enfer.
    • 2005 : Raphaël lui rend hommage avec sa Chanson pour Patrick Dewaere sur l'album Caravane.
    • Le 22 décembre 2009, l’esplanade du théâtre de Verdure située dans le parc des Promenades de Saint-Brieuc, sa ville natale, est baptisée esplanade Patrick-Dewaere
    • 17 juillet 2012 : Sélection photographique consacré à Patrick Dewaere à l'occasion des 30 ans de sa mort, publié par le quotidien 20 Minutes et réalisé par Gaëlle Labarthe

    Bibliographie

    • Alain Penso, Patrick Dewaere, Paris, éditions PAC, coll. « Tête d'affiches », 1981
    • Mado Maurin, Parce que c'est vrai !, Paris, éditions MAME, coll. « Raisons de vivre », 1984
    • Christian Dureau, Patrick Dewaere, Paris, PAC, coll. « Ciné-Poche », 1985
    • Véronique Lesueur, Patrick Dewaere, Paris, Presses de la Cité, 1992
    • Mado Maurin, Patrick Dewaere, mon fils, cet inconnu, Paris, MAME, 1993
    • Jean-Marc Loubier, Patrick Dewaere, la frayeur de vivre, Paris, Michel Lafon, 6 juin 2002, 326 p. (ISBN 978-2840988311)
    • Mado Maurin, Patrick Dewaere, mon fils : La Vérité, Paris, Le Cherche midi, novembre 2006, 295 p. (ISBN 978-2749105314). Accompagné d'un CD audio avec 8 chansons inédites, écrites et interprétées par Patrick Dewaere.
    • Bertrand Tessier, Patrick Dewaere : La Douleur de vivre, Paris, Albin Michel, 3 janvier 2007, 96 p. (ISBN 978-2226152145). Livre-album avec des photos de films et des photos personnelles inédites. Préface inédite et manuscrite de Bertrand Blier.
    • Stéphane Million (dir.), Bordel no 6 , éd. Scali, 25 janvier 2007, Paris, p. 272, (ISBN 978-2-35012-085-0), numéro spécial en hommage à Patrick Dewaere dans lequel 22 écrivains et artistes parmi lesquels Jean Tulard, Bernie Bonvoisin, Jean-Paul Rouve, Jérôme Attal, donnent leur vision romanesque de l’artiste.
    • Rémi Fontanel, Patrick Dewaere, le funambule, Paris, Scope Éditions, novembre 2010, 122 p.
    • Christophe Carrière, Patrick Dewaere : Une vie, Paris, Balland, juin 2012, 250 p. 

    Vidéographie

    Environ un tiers des films dans lesquels Patrick Dewaere est apparu comme acteur sont édités en vidéo. Un coffret hommage comprenant dix longs-métrages et un documentaire a été plusieurs fois annoncé (janvier et mars 2007), puis retardé, par l’éditeur StudioCanal. Après divers problèmes de production et de droits, le coffret est édité en octobre 2007 incluant le documentaire Patrick Dewaere, le dernier jour, documentaire de Bertrand Tessier.

    Toutefois à ce jour, plusieurs films où il tient un rôle important n’ont jamais été édités en DVD : Le Juge Fayard dit Le Shériff et La Clé sur la porte d'Yves Boisset, Paco l’infaillible de Didier Haudepin, Catherine et compagnie de Michel Boisrond, Au long de rivière Fango de Sotha… Sans oublier le documentaire de 1992 de Marc Esposito, Patrick Dewaere.

    Quelques autres films existent uniquement en version italienne ou sont trouvables en VHS d’occasion ou encore, dont la ré-édition est sans cesse retardée. Ainsi, le film Plein sud aurait dû être édité le 17 octobre 2007 (chez Gaumont Tristar) mais, pour des raisons de distribution (Gaumont Vidéo), sa sortie a plusieurs fois été repoussée (remarque : le même distributeur Gaumont a produit un film homonyme de Sébastien Lifshitz, sorti en salles le 30 décembre 2009). Le 4 octobre 2010, le film réalisé par Luc Béraud sort enfin en DVD mais dans une copie non restaurée.

    De même, les téléfilms de l’ORTF par Jean-Paul Carrère dans lesquels Dewaere a joué un premier rôle, sont longtemps restés inédits en DVD : Jean de la Tour Miracle (sorti en janvier 2009) et Les Hauts de Hurlevent (sortie indéterminée).

    Enfin, il est impossible de trouver deux films dans lesquels il est crédité sous le nom de Patrick Maurin, durant son enfance : La Route joyeuse et surtout Je reviendrai à Kandara, dans lequel il tient un rôle important. Côté télévision, à part le feuilleton L’Abonné de la ligne U édité en 2008 en DVD, il reste possible de visionner certains feuilletons, dramatiques et téléfilms anciens via les archives en ligne de l’Institut national de l’audiovisuel.

    Sources: wikipedia.org, peoples.ru

    Pas de lieux

      loading...

          Rapports

          NomLienDate de naissanceDate de décèsDescription
          1Mado MaurinMado MaurinMère24.09.191508.12.2013
          2Yves-Marie MaurinYves-Marie MaurinFrère19.04.194414.06.2009
          3Jean-Pierre MaurinJean-Pierre MaurinFrère18.07.194115.08.1996
          Mots clés