Armand Jean du Plessis de Richelieu

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Date de naissance:
09.09.1585
Date de décès:
04.12.1642
Durée de vie:
57
PERSON_DAYS_FROM_BIRTH:
160202
PERSON_YEARS_FROM_BIRTH:
438
PERSON_DAYS_FROM_DEATH:
139297
PERSON_YEARS_FROM_DEATH:
381
Noms supplémentaires:
Kardinal Richelieu, Armāns Žans di Plesī kardināls de Rišeljē, Armāns Žans di Plesī de Rišeljē;, di Plesī de Rišeljē, Арман Жан дю Плесси герцог де Ришельё, Kardināls Rišeljē Armāns Žans di Plesī de Riše
Catégories:
Cardinal, Chef spirituel, Membre du gouvernement, Premier ministre
Nationalité:
 français
Cimetière:
Réglez cimetière

    Armand Jean du Plessis de Richelieu, cardinal-duc de Richelieu et duc de Fronsac, né le 9 septembre 1585 à Paris et mort le 4 décembre 1642 dans cette même ville, est un ecclésiastique et homme d'État français, pair de France et le principal ministre du roi Louis XIII.

    Initialement destiné au métier des armes, il est contraint de rentrer dans les ordres afin de conserver à sa famille le bénéfice de l'évêché de Luçon. Temporairement ministre des affaires étrangères en 1616, il est cardinal en 1622 et principal ministre de Louis XIII en 1624. Il reste en fonction jusqu'à sa mort, en 1642 ; le cardinal Mazarin lui succède.

    La fonction exercée par Richelieu auprès de Louis XIII est souvent désignée par l'expression de « premier ministre », bien que le titre ne soit utilisé à l'époque que de façon officieuse pour désigner le ministre principal du roi dont l'action englobe aussi bien des dimensions politiques, diplomatiques et coloniales que culturelles et religieuses.

    Réputé pour son habileté voire pour son caractère jugé retors, souvent critiqué pour sa fermeté intransigeante, il rénove la vision de la raison d'État et en fait la clé de voûte de ses méthodes de gouvernement et de sa conception de la diplomatie et de la politique. En lutte à l'extérieur contre les Habsbourg, et à l'intérieur contre la noblesse et les protestants, il réprime sévèrement tant les duels meurtriers que les révoltes antifiscales paysannes.

    Richelieu est considéré comme l'un des fondateurs majeurs de l'État moderne en France. Son action est un dur combat pour un renforcement du pouvoir royal.

    Par son action, la monarchie s'affirme sous une nouvelle forme qui sera plus tard désignée par le terme d'absolutisme, et ce de manière triomphante sous le gouvernement personnel de Louis XIV (1661-1715), puis de manière plus apaisée sous celui du cardinal de Fleury (1726-1743).

    L'évêque de Luçon

    Jeunesse

    Richelieu naît à Paris, rue du Bouloi, bien qu'une ancienne polémique situe sa naissance dans le fief familial, au château des Richelieu, en Poitou. Il est le cinquième d'une famille de six enfants : Françoise, née en 1577 ou 1578, Henri, né en 1579 ou 1580, Alphonse, né en 1582, Armand-Jean lui-même, né en 1585, Nicole, née en 1586 et une autre sœur, Isabelle, née en 1581, redécouverte récemment. Il est aussi question d'une « Marguerite » dans les registres de naissances de l'église de Braye-sous-Faye, paroisse du château de Richelieu en Poitou, mais, faute d'éléments, on peut penser que cette enfant est morte en bas-âge.

    Sa famille, d'ancienne noblesse (noblesse de robe et d'épée) à la fois poitevine et parisienne mais pauvre, est très honorablement connue : son père, François du Plessis, seigneur de Richelieu, est un soldat et un courtisan qui occupe la charge de Grand prévôt de France ; sa mère, Suzanne de La Porte, est la fille d'un avocat au parlement. Alors que le jeune Armand n'est âgé que de cinq ans, son père, capitaine des gardes d'Henri IV, meurt au combat le 10 juin 1590 dans les combats survenus durant les guerres de religion (France). Il laisse une famille endettée mais la générosité royale lui permet d'éviter les difficultés financières. Pour la récompenser de la participation de François du Plessis aux Guerres de Religion, le roi Henri III donne l'évêché de Luçon à sa famille. Celle-ci en perçoit ainsi pour son usage privé la plus grande partie des revenus, ce qui mécontente les ecclésiastiques qui auraient préféré que ces fonds fussent utilisés pour l'Église.

    À l'âge de neuf ans, le jeune Armand-Jean est envoyé à Paris, par son oncle Amador de la Porte, en septembre 1594 au Collège de Navarre, pour étudier la philosophie. Il reçoit ensuite une formation à l'école de Monsieur de Pluvinel, qui forme les gentilshommes à la carrière militaire. Il vit alors la vie typique d'un officier de l'ère, le médecin Théodore de Mayerne devant le traiter pour une gonorrhée en 1605.

    Investiture canonique

    Destiné à une carrière militaire, Richelieu se trouve dans l'obligation en 1605 de se tourner vers une carrière religieuse : son frère Alphonse-Louis du Plessis refuse l'évêché de Luçon (gardé depuis 20 ans dans la famille) pour devenir moine en rentrant à la Grande Chartreuse, et la famille refuse de perdre ce qu'elle considère comme une importante source de revenu. Il est frêle et maladif (migraines dues peut-être à des crises d'épilepsie et à la tuberculose en fin de vie) : la perspective de devenir évêque ne lui déplaît nullement. Les études universitaires l’attirent : il commence des études de théologie en 1605.

    Prêtre sans vocation mais convenable, il est nommé évêque de Luçon le 18 décembre 1606 par le roi Henri IV, il reçoit le 14 avril 1607 des mains du pape Paul V l'investiture canonique en trichant sur son âge (il a 22 ans, alors que l'âge requis pour être évêque est de 23). Paul V dit de lui : « S'il vit longtemps, il sera un grand fourbe ».

    Il rencontre le chapitre de Luçon à Fontenay-le-Comte le 15 décembre 1608 et ne se rend à Luçon que l'année suivante. Peu après son installation dans son diocèse, il montre son caractère de réformateur catholique en étant le premier évêque en France à mettre en œuvre les réformes institutionnelles que le Concile de Trente avait prescrites entre 1545 et 1563.

    Richelieu devient alors l’ami de François Leclerc du Tremblay (plus connu sous le nom de « Père Joseph »), un moine capucin, devenant son confident le plus proche. Cette intimité avec Richelieu (qu’on appelait « Son Éminence ») et la couleur grise de son froc vaut au Père Joseph le surnom d’« éminence grise ». Richelieu l'emploie par la suite souvent comme émissaire et agent à l’occasion de tractations diplomatiques.

    Ascension politique

    En 1614, à 29 ans, il se fait élire député du clergé poitevin aux États généraux qui doivent se tenir à Paris, puis porte-parole de l'assemblée.

    Il s'y fait remarquer le 23 février 1615 lors de la cérémonie de clôture qui se déroule en présence de la régente Marie de Médicis, en faisant l'éloge du gouvernement dans un discours d'une heure trente.

    Marie de Médicis, la reine mère, le fait nommer en novembre 1615 Grand Aumônier auprès de la jeune reine Anne d'Autriche puis en 1616 Ministre des affaires étrangères au Conseil du roi. Richelieu commence donc par servir Concino Concini, maréchal d'Ancre et favori de la reine mère, ce qui lui vaut la méfiance du roi.

    En 1617, l'assassinat de Concini, dont Louis XIII et le duc de Luynes sont les instigateurs, entraîne la mise à l'écart de la reine mère de l'entourage du roi. Louis XIII croisant Richelieu au Louvre lui dit « Me voila délivré de votre tyrannie, monsieur de Luçon ». Richelieu se trouvant alors du mauvais côté, doit suivre la reine mère en disgrâce à Blois, puis se retrouve confiné dans son évêché. Le roi le bannit même à Avignon où il consacre la majorité de son temps à écrire, composant par exemple L’Instruction du chrétien.

    Marie de Médicis ayant pris la tête d'une rébellion aristocratique, Richelieu est alors chargé de négocier un accommodement entre la mère et le fils. Il réussit à rapprocher Louis XIII et Marie de Médicis, acquérant une réputation de fin négociateur et fait conclure les traités d'Angoulême (1619) et d'Angers (1620) : le chapeau de cardinal lui est donné en récompense le 5 septembre 1622. Il est intronisé à Lyon le 12 décembre de cette même année.

    En 1622, Richelieu devenu cardinal est suggéré par Marie de Médicis au jeune roi. Cependant Louis XIII — qui garde un amer souvenir de Concino Concini — refuse dans un premier temps de faire appel au cardinal. Ce n'est que le 29 avril 1624 que Richelieu entre à nouveau au Conseil du roi avec la protection de la reine mère, Marie de Médicis. Cette nomination marque un tournant décisif dans le règne de Louis XIII.

    La politique du cardinal de Richelieu

     

    Triple portrait du Cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne, Londres, National Gallery.

     

    À un Louis XIII ombrageux et soucieux d’affirmer l’autorité royale, Richelieu propose le programme suivant :

    • détruire la puissance politique du protestantisme en France,
    • abattre l'orgueil et l'esprit factieux de la noblesse,
    • et abaisser la maison d'Autriche.

    D’abord méfiant, Louis XIII accorde ensuite sa confiance à Richelieu.

    À la tête du parti dévot, Marie de Médicis finit par s’offenser de la volonté de Richelieu de contrer l’hégémonie de la maison catholique des Habsbourg : il est prêt dans cet objectif à s’allier avec des États protestants. Au cours de la journée des dupes (1630), elle exige du roi la destitution du cardinal qu’elle juge trop indépendant. Ce dernier, qui doit tout à la reine mère, se croit perdu. Son ami le cardinal de La Valette le retient de prendre la fuite. Mais le roi confirme sa confiance à Richelieu : c'est Marie de Médicis et le chancelier Michel de Marillac qui doivent partir. L’exil de la Reine Mère confirme l'abandon d'une politique qui, pour assurer le triomphe du catholicisme en Europe, consentait à laisser le premier rôle à l’Espagne. Marie de Médicis ne pardonnera jamais à sa « créature » de l'avoir trahie.

    Soumission politique et militaire des protestants

     

    Le cardinal de Richelieu au siège de la Rochelle, par Henri-Paul Motte.

     

    À la suite de l'édit de Nantes, les protestants de France forment un État dans l’État : ils ont leurs assemblées politiques, une organisation territoriale et leurs places fortes militaires. Leur métropole est la ville de La Rochelle qui s’est de fait depuis un demi siècle affranchie de l’autorité royale.

    Quand Richelieu accède au pouvoir, le roi a mené plusieurs campagnes militaires contre les protestants mais vainement car mal servi par son favori Charles d'Albert de Luynes. Le cardinal poursuit la politique du roi avec une volonté inflexible. Dans un contexte de tension entre la France et l'Angleterre, cette dernière encourageant la sédition des réformés, la ville de La Rochelle entend préserver ses libertés, notamment celle d’entretenir directement des relations avec des puissances étrangères, en particulier l’Angleterre.

    Richelieu décide de soumettre définitivement la ville. Il entreprend le siège et ne recule devant aucun moyen : une digue est édifiée qui bloque toute communication de la ville avec la mer. Le siège prend alors une tournure dramatique : La Rochelle résiste pendant plus d’une année au prix de la mort de la plus grande partie de sa population. La reddition de la ville (1628) sonne le glas de l’autonomie politique et militaire des protestants. Louis XIII confirme cependant la liberté de culte par l’édit de grâce d’Alès (1629).

    Par ailleurs, le climat religieux de l'époque est à l’heure d’une contre-offensive du catholicisme. C’est la contre-réforme : Louis XIII est profondément catholique depuis toujours, contrairement à son père Henri IV qui s’est converti pour accéder au trône. Il impose en 1620 le rétablissement du culte catholique dans la province protestante du Béarn (dans laquelle il avait été interdit depuis 1570, par décision de Jeanne d'Albret). Richelieu lui-même inaugure l'église Saint-Louis de l'ordre des Jésuites à Paris.

    Suprématie du pouvoir royal contre les Grands

    Face à la noblesse turbulente et ses prises d'armes régulières, Richelieu répond par la fermeté : il supprime les hautes charges que les grands seigneurs exercent auprès du roi et fait raser plus de 2 000 châteaux forts qui ne sont plus utiles à la défense du royaume (notamment Pamiers et Mazéres). Des Intendants sont envoyés pour faire appliquer les décisions royales dans les provinces. Les gouverneurs de celles-ci, parfois de puissants notables et les assemblées provinciales ( aussi appelées les États) sont surveillés et ces dernières parfois même supprimées.

    Richelieu n'hésite pas à sévir avec les plus Grands : il fait décapiter le duc de Montmorency, gouverneur du Languedoc, qui prend les armes avec Gaston d'Orléans en 1632 et défend les réclamations de la province. Il finit par assigner à résidence dans la forteresse de Loches le vieux duc d’Épernon, gouverneur de Guyenne et fidèle de Marie de Médicis qui rapportait les effets négatifs sur la population des prélèvements fiscaux croissants du pouvoir central.

    Profondément affecté par la mort, le 8 juillet 1619, de son frère Henri au cours d'un duel, Richelieu réprime avec la plus grande sévérité cette pratique et fait mettre à mort les nobles pris en flagrant délit de se battre. Le 22 juin 1627 sont exécutés François de Montmorency-Bouteville et son cousin François de Rosmadec, comte de Chapelles, meurtriers en duel du marquis de Bussy d'Amboise.

    Par ailleurs, Richelieu doit déjouer les nombreuses intrigues organisées par tous ceux que son action gêne, notamment la reine mère Marie de Médicis et le frère du roi Gaston d'Orléans. Les comploteurs ne craignent pas d'envisager l'assassinat du cardinal ou de faire appel aux puissances étrangères. Richelieu fait exécuter le comte de Chalais en 1626 et le marquis de Cinq-Mars en 1642.

    Abaissement de la Maison d'Autriche

    Après avoir rétabli l’autorité du roi en France, Richelieu entreprend de rabaisser les prétentions de la maison d’Autriche en Europe. Les Habsbourg ont réussi grâce à une heureuse politique patrimoniale à réunir sous leur coupe un grand nombre d’États européens : Autriche, Bohême, Espagne, Milan, Naples, Pays-Bas, Portugal. Au nom d’un catholicisme militant, ils cherchent à établir leur autorité en Allemagne et à y réduire les États protestants lors de la guerre de Trente Ans (1618-1648).

    La France finance déjà la Hollande et la Suède, puissances protestantes en guerre contre les Habsbourg. Dans un premier temps, Richelieu replace sous contrôle français la vallée de la Valteline, un nœud de communications essentiel en Europe, que l'Espagne lui disputait (1626). Il assure au duc de Nevers le duché de Mantoue et le Montferrat en forçant le pas de Suze (1629) : c'est l'épisode de la guerre de Succession de Mantoue.

    En 1632, l'armée du roi occupe les États de Charles IV, duc de Lorraine, hostile à la France.

    Louis XIII déclare la guerre à l’Espagne en 1635. Les premiers temps de guerre sont difficiles : la chute de Corbie sur la Somme en 1636 laisse craindre une attaque sur Paris. Richelieu est effondré mais Louis XIII organise la défense de la capitale. À partir de 1640, l’effort de guerre fait basculer le sort en faveur de la France. Richelieu qui s'est attribué le titre de « Grand Maître et Surintendant de la Navigation » développe une armée de terre mais aussi une marine de guerre permanente.

    Il accroît considérablement les prélèvements fiscaux qui suscitent de nombreuses révoltes de la paysannerie durement réprimées.

    Il exploite le manque de cohésion au sein de la monarchie espagnole. La Catalogne fait sécession en 1640. Peu après, le Portugal restaure son indépendance, mettant fin à l'Union ibérique à laquelle il avait été contraint soixante ans auparavant sous le règne de Philippe II d'Espagne.

    Les armées du roi de France font la conquête de l’Alsace et de l’Artois en 1640, puis du Roussillon en 1642. Après la mort du cardinal, un brillant chef militaire, le futur prince Louis II de Condé remporte les victoires de Rocroi (1643), Fribourg-en-Brisgau (1644), Nördlingen (1645) et Lens (1648).

      Autres réalisations d'intérêt général

    Richelieu est aussi célèbre pour le soutien qu’il apporte aux arts ; le fait le plus connu est la fondation de l'Académie française, société responsable des questions concernant la langue française.

    Il donne une grande extension aux établissements coloniaux, fait occuper la Nouvelle-France, les Petites-Antilles, Saint-Domingue, la Guyane, le Sénégal, etc.

    Pour soutenir Samuel de Champlain et conserver le poste de Québec, il fonde la Compagnie des Cent-Associés et, par le Traité de Saint-Germain-en-Laye de 1632, rend le Canada à l’autorité française de Champlain, après que la colonie eut été prise par les frères Kirke en 1629. Ce succès permet à la colonie de se développer par la suite et de devenir le centre de la culture francophone en Amérique du Nord.

    Le cadre de vie d'un grand seigneur

    Le Palais Cardinal (actuel Palais Royal)

     

    Grande-Rue de la Cité de Richelieu (Indre-et-Loire).

     

    En 1624, Richelieu achète l’hôtel de Rambouillet qui présente pour lui le double avantage d’être proche du Louvre et d’être bordé par un fragment de l’enceinte de Charles V qui peut, s'il est démoli, fournir un grand espace en pleine ville derrière son hôtel. C'est le cas en 1633, un brevet royal lui donnant la propriété des terrains. Il entreprend alors, en faisant appel à l’architecte Jacques Lemercier, la transformation de l’hôtel en un véritable palais, le Palais-Cardinal, avec des appartements somptueux et un théâtre qui demeurera longtemps le plus beau de Paris. Sauval a laissé des témoignages précis sur la galerie des Hommes Illustres du Palais-Cardinal qui comportait, accompagnés de quatre statues et trente-huit bustes de marbres antiques, vingt-cinq portraits (dont celui de Louis XIII et le sien) peints par Philippe de Champaigne et Simon Vouet.

    La Cité de Richelieu (Touraine)

    En 1631, au faîte de sa puissance, il obtient du roi l'autorisation de construire Richelieu - dans l'actuel département d'Indre-et-Loire - , un château et un bourg en lieu et place du domaine de ses ancêtres, là où il vécut sa prime enfance. Ce lieu est considéré aujourd'hui comme l'un des chefs-d'œuvre de l'urbanisme occidental du XVIIe siècle.

    L'héritage de Richelieu

    Mort et succession

     

    Richelieu sur son lit de mort, peint par Philippe de Champaigne.

     

    Il souffre dans les dernières années de sa vie de fièvres récurrentes (peut-être la malaria), de rhumatismes et de goutte (il ne se déplace plus que dans une chaise à porteur et litière), de ténesme (contracté par sa gonorrhée lors de sa formation militaire), de tuberculose intestinale (avec comme conséquence des fistules et une ostéite tuberculeuse qui fait suppurer son bras droit) et de migraine, ce qui accentue son hypocondrie. Les lavements et saignées pratiqués par ses médecins ne font que l'affaiblir. Crachant fréquemment du sang, il meurt probablement des suites d'une tuberculose pulmonaire, son autopsie ayant révélé des nécroses caséeuses des poumons.

    Les exigences de sa politique l'ont rendu tellement impopulaire qu'à l'annonce de sa mort le 4 décembre 1642, le peuple allume des feux de joie pour fêter l'événement. Le prince de Condé attaque avec succès la succession en justice au nom des intérêts de sa belle-fille (Richelieu a marié sa nièce Claire-Clémence de Maillé au futur Grand Condé) .

    Sur le plan politique, Richelieu recommande au roi son successeur, Jules Mazarin.

    Sur le plan personnel, il possède à son décès 20 millions de livres (une des fortunes les plus importantes de l'époque et, dit-on, la plus importante de tous les temps en France, après celle de Mazarin). Il établit sa famille comme l'une des grandes maisons nobiliaires. Il transmet le duché de Richelieu à l’aîné de ses petits-neveux, Armand Jean de Vignerot. La descendance directe de ce dernier comprend le maréchal de Richelieu, ami de Louis XV, ainsi que le duc de Richelieu, premier ministre de Louis XVIII de 1815 à 1818.

    Le cardinal accorde en outre le duché d’Aiguillon à sa nièce bien aimée Marie-Madeleine de Comballet, dont un héritier, duc d’Aiguillon, est secrétaire d’état aux affaires étrangères de 1771 à 1774.

    Pensée politique du cardinal Œuvre littéraire

    Le cardinal a beaucoup écrit et sous les formes les plus diverses pour justifier les objectifs de sa politique et ses actes.

    • Ordonnances synodales, 1610.
    • Brève et facile instruction pour les confesseurs, 1610.
    • La défense des principaux points de la foi catholique contre la lettre des quatre ministres de Charenton, 1617.
    • Œuvres théologiques , 1647.
      • Tome I. « Traité de la perfection du Chrétien », Paris, Honoré Champion éd., 2002, 500 p.
      • Tome II. « Traité qui contient la méthode la plus facile et la plus assurée pour convertir ceux qui se sont séparés de l’Église », Archives de sciences sociales des religions, juin 2007, document 138-75.
    • Succincte narration des grandes actions du Roy Louis XIII .
    • Mémoires, nouvelle édition, 10 vol., Paris, Sté de l’histoire de France, 1908-1931.
    • Testament politique
      • édition critique, introd. et notes par L. André ; préface de Léon Noèl, de l'Institut. Paris, Robert Laffont, 1947.
      • édition présentée par Arnaud Teyssier, Perrin, 2011, ISBN 978-2-262-03592-1
    Citations et maximes célèbres

    Les citations suivantes sont extraites des Mémoires du Cardinal de Richelieu, et de son Testament politique.

     

    Le Cardinal de Richelieu par Philippe de Champaigne, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

     

    • « La politique consiste à rendre possible ce qui est nécessaire. »
    • « Des petites étincelles naissent les grands embrasements. »
    • « Faire une Loi et ne pas la faire exécuter, c'est autoriser la chose que l'on veut défendre. »
    • « Il faut dormir comme un lion, sans fermer les yeux. »
    • « Il ne faut pas se servir des gens de bas-lieu : ils sont trop austères et trop difficiles. »
    • « L'autorité contraint à l'obéissance, mais la raison y persuade. »
    • « La méthode ne vaut que par l'exécution. »
    • « Les rois n'ont pas de pieds pour marcher en arrière. »
    • « Nul ne voit jamais si clair aux affaires d'autrui que celui à qui elles touchent le plus. »
    • « Perdre bientôt la mémoire d'un bienfait est le vice des Français. »
    • « Pour perdre un rival, l'artifice est permis : on peut tout employer contre ses ennemis. »
    • « Poursuivre lentement un dessein, et le divulguer, est identique à parler d'une chose pour ne pas la faire. »
    • « Qui a la force a souvent la raison, en matière d'État. »
    • « Savoir dissimuler est le savoir des rois. »
    • « Le secret est l'âme des affaires. »
    • « Deux lignes de la main d'un homme suffisent à faire condamner le plus innocent. »
    • « Les dépenses les plus nécessaires pour la subsistance de l'État étant assurées, le moins qu'on peut prélever sur le peuple est le meilleur. »
    • « Il en est des États comme des corps humains: la bonne couleur qui apparait au visage de l'homme fait juger au médecin qu'il n'y a rien de gâté au-dedans. »
    • « Il faut écouter beaucoup et parler peu pour bien agir au gouvernement d'un État. »
    • « Il n'y a pas au monde de nation si peu propre à la guerre que la nôtre. »
    • « En matière d'État, il faut tirer profit de toutes choses, et ce qui peut être utile ne doit jamais être méprisé. »
    • « En matière de crime d'État, il faut fermer la porte à la pitié. »
    • « Si Dieu défendait de boire, aurait-il fait ce vin si bon ? »
    • « Quand une fois j'ai pris ma résolution, je vais droit au but et renverse tout de ma robe rouge. »
    • « Les plus nobles conquêtes sont celles des cœurs et des affections. »

    Représentation de Richelieu dans les arts

    Dans les arts plastiques

     

    Buste de Richelieu par Le Bernin, 1640-1641, Paris, musée du Louvre.

     

    • Richelieu commande plusieurs portraits de sa personne au peintre Philippe de Champaigne, qui est son portraitiste attitré et seul peintre autorisé à le représenter en habit de cardinal. En tout, Champaigne réalise onze portraits de Richelieu.
    • Le Bernin, le plus célèbre sculpteur de l'époque, réalise un buste du Cardinal aujourd'hui conservé au musée du Louvre dans la galerie de sculpture italienne.
    Dans la littérature

    Certains voient en lui l'un des plus importants ministres qui aient gouverné la France : Ses visions politiques sont fécondes et sont mises à exécution avec une persévérance, une fermeté inébranlables. La tradition populaire — influencée par le portrait qu'en a tracé Alexandre Dumas — retient l'image d'un personnage froid et machiavélique, presque maléfique, qui mérite — au regard de l'histoire réelle — d'être sérieusement nuancé. On lui reproche de s'être montré implacable et d'avoir quelquefois exercé des vengeances personnelles sous le prétexte des intérêts de l'État. La couleur rouge de sa cape de cardinal s'accorde — disent ses adversaires — à son caractère sanguinaire. Comme en témoigne le vers par lequel se termine Marion de Lorme : « Regardez tous ! Voilà l’homme rouge qui passe ».

    • Corneille a des sentiments mitigés au sujet de Richelieu qui avait encouragé les critiques de l'époque au sujet de La « querelle du Cid », aussi compose-t-il ces vers à la mort du cardinal-ministre (1643) :

    Qu’on parle mal ou bien du fameux cardinal

    Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien ;

    Il m’a trop fait de bien pour en dire du mal ;

    Il m’a trop fait de mal pour en dire du bien.

    • Isaac de Benserade note dans Le livre des épitaphes la parodie du quatrain de Corneille composée par un libelliste anonyme :

    Ci-gît un fameux Cardinal

    Qui fit plus de mal que de bien ;

    Le bien qu'il fit, il le fit mal ;

    Le mal qu'il fit, il le fit bien.

    • Voltaire, qui conteste la paternité de son Testament politique, l'admire mais lui reproche son trop grand pouvoir, comme Montesquieu dans ses Pensées.
    • Alexandre Dumas en fait un des personnages principaux des Trois mousquetaires: il le dépeint comme l'homme d'État par excellence, machiavélique et empli de sa mission gouvernementale (D'Artagnan devient lieutenant des mousquetaires grâce à Richelieu).
    • Michel Zévaco, dans L'Héroîne en fait la cible d'une vengeance féminine après l'assassinat de la mère de "L'héroîne", Annaîs de Lespars. Richelieu est enterré dans la chapelle de la Sorbonne.
    • Alfred de Vigny, dans son Cinq-Mars paru en 1826 est l'un des premiers auteurs à poser « l'Homme rouge » . Le cardinal y est l'ennemi du jeune marquis d'Effiat, qui va tout tenter pour l'éliminer et affranchir l'infortuné Louis XIII de l'influence de son tout-puissant Ministre. Richelieu est dépeint par Vigny comme un être omnipotent, quasi-omniscient, machiavélique, égocentrique et valétudinaire.
    • Victor Hugo sera influencé par cette perception du Cardinal-duc dans sa pièce Marion Delorme : « Meure le Richelieu, qui déchire et qui flatte ! L’homme à la main sanglante, à la robe écarlate ! ».
    • Certains romantiques reprennent des pamphlets de l'époque du Cardinal pour en faire un débauché, un incestueux amant de ses nièces, un sceptique voire un incroyant.
    • Balzac y fait également référence à la fin de son roman Illusions perdues.
    • Robert Merle dans les tomes 10 à 13 de Fortune de France, dépeint un personnage formidablement subtil et calculateur mais essentiellement obsédé par le service du roi ; l'auteur présente les manœuvres du cardinal comme toujours inspirées par le bien public.
    Au cinéma, à la télévision et en spectacle

    Si Richelieu a connu de nombreuses incarnations au cinéma et à la télévision, là encore, le personnage est le plus souvent traité d'après l'œuvre d'Alexandre Dumas.

    Interprètes du cardinal de Richelieu (liste non exhaustive) :

    • Edouard de Max dans Les Trois Mousquetaires (1921) et dans Les Trois Mousquetaires (1933)
    • Nigel De Brulier dans Les Trois Mousquetaires (1921) et dans Les Trois Mousquetaires (1935)
    • George Arliss dans Cardinal Richelieu (1935)
    • Vincent Price dans Les Trois Mousquetaires (1948)
    • Renaud Mary dans Les Trois Mousquetaires (1953)
    • Pierre Asso dans Les Trois Mousquetaires (1959)
    • Daniel Sorano dans Les Trois Mousquetaires (1961)
    • Rafael Rivelles dans Cyrano et d'Artagnan (1964)
    • Raymond Jourdan dans D'Artagnan (série TV, 1969-70)
    • Charlton Heston dans Les Trois Mousquetaires (1973), et On l'appelait Milady (1974)
    • Bernard Haller dans Les Quatre Charlots mousquetaires (1974)
    • Henri Virlojeux, dans D'Artagnan amoureux, téléfilm français en cinq épisodes de 1977, d'après le roman de Roger Nimier.
    • Pierre Vernier, dans Richelieu (1977)
    • Tim Curry dans Les Trois Mousquetaires (1993)
    • Stephen Rea dans D'Artagnan (2001)
    • Martin Lamotte dans Milady (Téléfilm, 2004)
    • Christoph Waltz dans Les Trois Mousquetaires 3D (The Three Musketeers) (2011)
    • par des interprètes multiples dans le spectacle Mousquetaire de Richelieu au Grand Parc du Puy du Fou depuis 2006
    Numismatique
    • Le billet de 10 nouveaux francs Richelieu (1960-1968) et 1000 francs richelieu (1953-1957).

    Annexes

    La famille de Richelieu
    • Louis du Plessis ( - 1551), grand père du Cardinal, épouse en 1542 Françoise de Rochechouart, femme de vieille noblesse, veuve avec cinq enfants à charge.
    • François du Plessis ( - ), père du Cardinal, épouse en 1566 Suzanne de la Porte, fille d’un avocat au Parlement. Il meurt au combat.
    • Henri du Plessis ( - ), frère du Cardinal, reçoit d’Henri IV une pension de 1200 livres à la mort de son père et vient à la cour.
    • Françoise du Plessis, ( - )la sœur ainée du Cardinal épouse en première noce Jean de Beauvau, seigneur de Pimpan puis en 1603 René de Vignerod seigneur de Pont de Courlay.
    • Nicole ( - 1635) sœur du Cardinal, épouse Urbain de Maillé, marquis de Brézé qui devient Maréchal de France. Elle était notoirement folle.
    • Alphonse Louis du Plessis (1582 - 1653), le frère du Cardinal, il était prévu qu’il reprenne l’évêché de Luçon, mais il préfère rentrer dans les ordres chez les Chartreux, il les quitte pour devenir Archevêque d’Aix-en-Provence puis de Lyon. Il devient Cardinal comme son frère en 1629.
    • Amador de la Porte, (1568 - 1644) l’oncle maternel de Richelieu, très lié à l'Ordre de Malte dont il a été l’avocat et bientôt le commandeur reçu le commandement d’Angers de Marie de Médicis quand son neveu, le frère du Cardinal et titulaire du poste fut tué en duel. Plus tard il reçoit de son neveu le Cardinal, le gouvernement du Havre , en 1640 il est élevé à la dignité de Grand prieur de France, qu'il aurait refusé.
    Quelques allusions à la galanterie du cardinal

    Trois sources prêtent des liaisons au Cardinal. Les Historiettes de Tallemant des Réaux où il affirme « Le Cardinal aimait les femmes ; mais il craignait que le roi soit médisant », Galanterie des rois de France’’ et l’album du maréchal de Bassompierre.

    • Marion Delorme, prostituée notoire (selon Tallemant des Réaux et l’ouvrage Galanteries des rois de France).
    • Marie-Madeleine de Vignerot d'Aiguillon (1604 - 1675). Nièce du Cardinal, femme d’une grande beauté, elle est plus connue sous le titre de Madame d’Aiguillon. Une chanson de l’époque est sans équivoque sur ses relations avec le Cardinal, en parlant de Mme d’Aiguillon et de la princesse de Condé, maîtresse du Cardinal de La Valette : « La Combalet et la princesse, ne pensant point faire de mal, et ne s’en iront point à confesse, d’aimer chacune un Cardinal, car laisser lever sa chemise, et mettre ainsi leur corps à l’abandon, n’est que se soumettre à l’église, qui leur donnera son pardon  ». Il y aurait eu des enfants de cette liaison, le journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson annonce que le 16 aout 1647 la belle-sœur de Mme d’Aiguillon présente une requête pour désavouer ses enfants, elle affirme qu’ils sont à Mme d’Aiguillon et au Cardinal.
    • Madame de Chaulnes, femme du maréchal.
    Le chat comme animal de compagnie

    Pour l'anecdote, le Cardinal de Richelieu a contribué à faire considérer les chats comme animaux de compagnie : À sa mort, il possédait quatorze félins, dont les noms sont parvenus jusqu'à nous : Félimare, Lucifer, Ludovic-le-Cruel, Ludoviska, Mimi-Piaillon, Mounard-Le-Fougueux, Perruque, Rubis-sur-l'ongle, Serpolet, Pyrame, Thisbe, Racan, Soumise et Gazette.

    Profanation de son sépulcre

     

    Statues du tombeau de Richelieu dans la chapelle de la Sorbonne.

     

    Le 5 décembre 1793, les révolutionnaires saccagent son tombeau placé dans la chapelle de la Sorbonne et ce malgré l'intervention physique d'Alexandre Lenoir. Les assaillants exhument le corps du cardinal, puis le décapitent ; le reste du corps est soit jeté à la Seine soit placé dans un des caveaux de la Sorbonne faisant office de fosse commune avec ceux de plusieurs membres de sa famille, dont le Maréchal de Richelieu. La tête du Cardinal est emportée par un commerçant parisien nommé Cheval, bonnetier ou épicier rue de la Harpe qui, la Terreur finie, peut-être repentant, offre avec insistance la partie antérieure (son visage) à l'Abbé Boshamp lequel, à sa mort en 1805, la lègue à son tour à l'Abbé Nicolas Armez, curé de Plourivo. Nicolas Armez étant le grand-oncle paternel de Louis Armez, député des Côtes-du- Nord, ce dernier rapportait parfois la tête momifiée à Paris pour la montrer à ses collègues de l'Assemblée Nationale. En 1846, la tête est prêtée au peintre Bonhomé pour réaliser un portrait en pied du cardinal pour le Conseil d'État. Mise à l'abri à Saint-Brieuc où elle est exposée tous les ans aux élèves à la remise des prix du collège, la relique ne retrouve la Sorbonne que le 15 décembre 1866 lors d'une cérémonie funèbre .

    En 1896, Gabriel Hanotaux s'empare du crâne pour l'examiner une dernière fois avant de le placer dans un coffret scellé et de le faire recouvrir d'une chape de ciment armé, dans un lieu tenu secret à proximité du tombeau.

    La Médaille Richelieu

    C'est une décoration prestigieuse d’exception, décernée en France par l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à de rares occasions.

    Sources: wikipedia.org, news.lv

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